La proposition des Démocrates, seul parti de l’opposition présent à l’Assemblée nationale, est diversement appréciée.
Le parti Les Démocrates appelle à la création d’un Comité national de réconciliation et de pardon. L’annonce a été faite dimanche lors de l’installation des nouveaux députés à Porte Novo, la capitale béninoise où siège le parlement.
A l’occasion, les députés de l’opposition ont marqué leur entrée en fonction avec un sévère réquisitoire de la gouvernance de Patrice Talon.
Dans la longue liste de leurs accusations contre le pouvoir, la condamnation des opposants Réckya Madougou et Joël Aïvo, intervenues en décembre 2021. Mme Madougou a écopé de 20 ans de prison pour « financement du terrorisme » et le professeur Aïvo, purge une peine de 10 ans de prison pour « blanchiment de capitaux et complot contre l’autorité de l’Etat ». Les deux avaient déclaré leurs candidatures à la présidentielle d’avril 2021. Selon les opposants, ces affaires sont purement politiques.
Selon le parti Les Démocrates, pour panser les plaies causées par le régime, il faut nécessairement passer par un mécanisme de réconciliation et de pardon. « Nous avons le devoir de parler avec le Chef de l’Etat qui est le père de la nation, pour une mesure de libération immédiate de nos compatriotes en situation difficile, pour le retour au pays de nos exilés, » a déclaré à l‘Assemblée nationale, le député Nourénou Atchadé, président du groupe parlementaire « Les Démocrates ».
Seulement dans l’opinion publique béninoise, ils ne sont pas nombreux à croire que le Président Patrice Talon répondra à cet appel des opposants.
Le journaliste éditorialiste, Marcel Zoumenou, directeur de publication du quotidien « La Nouvelle Tribune » ne semble pas très convaincu par cette annonce. « A priori, je peux dire que cela ne marchera pas au regard de tout ce que le gouvernement actuel a affiché comme posture, dans de telles affaires » observe-t-il.
Toutefois l’éditorialiste estime que depuis que un certain temps, il y a quand même un assouplissement du côté du pouvoir. La preuve selon lui, est la présence du parti Les Démocrates au Parlement. « Même si le pouvoir ne valide pas la mise en place de ce Comité national de réconciliation et de pardon, il sera obligé à un moment donné, de libérer Réckya Madougou, Joel Aïvo et devra trouver les moyens pour que les exilés rentrent au bercail», analyse-t-il.
Acteur de la société béninoise, Joël Atayi-Guèdègbé pense aussi, qu’il est temps d’apaiser l’espace politique béninois. « Les plus grandes batailles se sont toujours terminées autour d’une table », se justifie-t-il. Pour M. Atayi-Guèdègbé, le projet de Comité national de réconciliation et de pardon rencontrera surement des résistances mais il croit que le temps du répit se dessine.
Dimanche, les 109 députés ont été installés et le nouveau bureau de l’institution connu. Louis Vlavonou a été reconduit à la tête de l’institution pour un mandat transitoire de trois ans au lieu de quatre ans. La mandature de la neuvième législative sera plus courte parce qu’en 2023, le Bénin connaitra des élections générales. Pour une toute première fois, les élections locales, législatives et la présidentielle se tiendront au même moment.
Sur les sept postes qui composent le bureau de l’assemblée nationale, le parti d’opposition occupe le poste de deuxième vice-président. Les opposants ont profité de la session inaugurale de dimanche dernier pour présenter leur groupe parlementaire baptisé « Les Démocrates » qui regroupe les 28 élus du parti.
RK/ac/APA