A l’initiative du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), une manifestation de rue a été réprimée par les forces de sécurité guinéennes.
Jeudi mouvementé en Guinée. Prévue ce 16 février dans le Grand Conakry, une manifestation du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) censée être « pacifique et citoyenne » pour dénoncer la gestion « non consensuelle de la transition » par le Comité national de rassemblement pour le développement (CNRD), la junte au pouvoir depuis septembre 2021, s’est terminée en course poursuite entre protestataires et forces de l’ordre.
Très tôt dans la journée du jeudi, de jeunes manifestants ont commencé à ériger des barricades, paralysant la circulation sur l’autoroute « Le Prince », l’un des axes routiers le plus fréquentés de la capitale.
En réponse, les autorités ont déployé les forces de maintien de l’ordre qui ont usé des gaz lacrymogènes pour tenter de disperser les jeunes manifestants qui avaient envahi la chaussée, jetant des projectiles à leur direction.
Déploiement de l’armée
La veille, Mory Condé, ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation avait réquisitionné l’armée guinéenne. Objectif, « prêter le concours des troupes et moyens nécessaires pour appuyer, au besoin, les forces de police et de gendarmerie pour le maintien et le rétablissement de l’ordre sur l’ensemble du territoire national ».
Dans les quartiers de Cosa, Koloma, Hamdallaye, Cimenterie et Bailobaya où des manifestants étaient actifs, des militaires du BATA (bataillon autonome des troupes aéroportées), une unité d’élite de l’armée guinéenne sont venus appuyer les gendarmes et policiers qui avaient du mal à maintenir les protestataires. Un déploiement dénoncé par par le FNDC dans une déclaration faite dans l’après-midi.
Le mouvement citoyen à l’initiative de la manifestation a indiqué qu’il règne sur une grande partie de la capitale « un climat de guerre avec une présence massive des unités d’élite de l’armée guinéenne dans les rues et quartiers du Grand Conakry ».
« Ces agissements sont des preuves que la nébuleuse CNRD ne compte que sur la force des armes et la violence d’État pour dérouler son calendrier obscure », fustige le FNDC.
Appelant les militaires à ne pas obéir aux ordres « manifestement illégaux, en utilisant des armes à feu dans le maintien de l’ordre », comme leçon de vie, le FNDC leur demande de se servir du procès du 28 septembre en cours.
Il était attendu que ces manifestations qui ont paralysé les activités économiques dans la capitale soit abordées en Conseil des ministres. Mais selon le porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, tel n’a pas été le cas.
« On ne parle pas de manifestations dans le Conseil des ministres », a-t-il réagi, soulignant qu’il revient aux Ministres de la Justice et la Sécurité de communiquer dans ce genre de situation.
Le FNDC a déploré une trentaine de personnes blessées dont certaines par des tirs à balles réelles. Le mouvement citoyen a aussi dénombré de nombreuses arrestations, des expéditions punitives, d’injures publiques proférées selon eux, par les forces de défense et de sécurité à l’encontre des riverains et « militants de la Démocratie ». Dans la soirée du jeudi, une source médicale a confirmé à APA, la mort d’un jeune par balle.
Dans une communication, Colonel Mory Kaba, porte-parole du ministère de la sécurité et de la protection civile a annoncé l’arrestation d’au moins manifestants présumés fauteurs de troubles à l’ordre public.
ASD/ac/APA