Abuja assure être prêt à mener l’assaut contre les auteurs du coup d’Etat du mercredi 30 juillet.
Acculées par la communauté internationale depuis leur coup d’Etat du mercredi 26 juillet, les nouvelles autorités nigériennes ont décroché le soutien des transitions malienne et burkinabè. À travers un communiqué conjoint publié lundi 31 juillet, Bamako et Ouagadougou ont exprimé leur « solidarité fraternelle et celles des peuples burkinabè et malien au peuple frère du Niger qui a décidé en toute responsabilité de prendre son destin en main et d’assumer devant l’histoire la plénitude de sa souveraineté ».
Réunis en session extraordinaire dimanche 30 juillet, les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont infligé de lourdes sanctions économiques et financières au Niger après la prise du pouvoir par le général Abdourahamane Tchiani, jusque-là chef de la garde présidentielle. Aussi, des mesures de restrictions ont été prises contre les auteurs du coup d’Etat contre le président Mohamed Bazoum, élu en avril 2021 au terme des deux mandats de Mahamadou Issoufou.
Le Burkina et le Mali dénoncent « la persistance de ces organisations régionales à prendre des sanctions aggravant la souffrance des populations et mettant en péril l’esprit de panafricanisme ». Les deux pays membres de la Cédéao disent refuser « d’appliquer ces mesures illégales, illégitimes et inhumaines contre le peuple et les
Dans leur élan de solidarité à l’égard des nouveaux maîtres de Niamey, Bamako et Ouagadougou, qui sont également sous régime militaire depuis août 2020 et janvier 2022 après des coups d’Etat contre le président Ibrahim Boubacar Keita et Roch Christian Kaboré respectivement, « avertissent que toute intervention militaire contre le Niger s’assimilerait à une déclaration de guerre contre le Burkina et le Mali ».
Lors de sa réunion du 30 juillet, les dirigeants ouest-africains assurent « prendre toutes les mesures au cas où les exigences des Chefs d’Etat ne seraient pas satisfaites dans un délai d’une semaine, pour assurer le rétablissement de l’ordre constitutionnel » au Niger. « Lesdites mesures peuvent inclure l’usage de la force », ont-ils averti demandant aux chefs d’Etat de la Défense de la Cédéao de se réunir immédiatement. Mais selon les autorités maliennes et burkinabè, « toute intervention militaire contre le Niger entraînerait un retrait » de leurs pays de la Cédéao « ainsi que l’adoption de mesures de légitime défense en soutien aux forces armées et du peuple du Niger ».
Déjà, au deuxième jour du sommet Russie-Afrique qui s’est tenu du 27 au 29 juillet à Saint-Pétersbourg, le président Ibrahim Traoré avait demandé au président Poutine de se préparer à apporter son soutien au Niger en cas d’applications de sanctions de la communauté internationale. Le jeune capitaine qui dirige le Burkina depuis septembre 2022 après avoir renversé le lieutenant-colonel Paul Henri Damiba, lui-même tombeur du président Kaboré huit mois plus tôt, soulignait que son pays était pointé du doigt dans ce qui est arrivé au Niger.
Au même moment, au Nigéria, le chef d’Etat-major des armées nigérianes, le général Christopher Musa a déclaré, en marge d’une cérémonie de décoration de chefs des forces de défense et de sécurité par le président Ahmad Bola Tinubu, que les troupes nigérianes étaient prêtes à intervenir au Niger si elles en recevaient l’ordre. Il a affirmé être sûr de « réussir » si une intervention militaire venait à être décidée par les autorités de la Cédéao, qui privilégient l’option pacifique pour le moment.
En revanche, l’ambiance est plus que délétère dans ce pays sahélien. Si les arrestations de membres du gouvernement de Mohamed Bazoum se poursuivent, la France a affirmé dans un communiqué avoir commencé ce mardi 1er août l’évacuation par voie aérienne « de ses ressortissants et des ressortissants européens qui souhaiteraient quitter » le Niger.
AC/odl/APA