La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) estime que cette perspective « contredit la volonté prêtée aux autorités militaires du Niger de rétablir l’ordre constitutionnel par des moyens pacifiques ».
Les positions se radicalisent. Il y a quelques jours, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a activé sa force en attente dans l’optique d’une intervention militaire au Niger. Objectif, réinstaller dans ses fonctions le président Mohamed Bazoum, victime d’un coup d’État le 26 juillet dernier.
En réaction, le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), organe regroupant les putschistes, a resserré l’étau autour de l’ancien homme fort de Niamey. Dans une déclaration lue à la télévision nationale, le colonel-major Abdrahmane Amadou, porte-parole du CNSP, a visé des échanges que Bazoum aurait eus avec des nationaux, des chefs d’État étrangers et des responsables d’organisations internationales.
Sur la base de ces discussions, la junte a affirmé avoir réuni « les éléments de preuves nécessaires pour poursuivre, devant les instances nationale et internationale compétentes, le président déchu ainsi que ses complices locaux et étrangers pour haute trahison et atteinte à la sûreté intérieure et extérieure du Niger ».
Ferme avec les nouvelles autorités du pays depuis le coup de force, la Cédéao a désapprouvé ce lundi « la volonté exprimée de traduire Mohamed Bazoum devant les tribunaux ». L’organisation régionale a assimilé cette démarche à « une nouvelle forme de provocation » qui « contredit la volonté prêtée aux autorités militaires du Niger de rétablir l’ordre constitutionnel par des moyens pacifiques ».
La Cédéao persiste et signe : « Mohamed Bazoum reste le président démocratiquement élu de la République du Niger, reconnu par la Cédéao et la communauté internationale. » Partant de là, elle a condamné « sa détention illégale » et appelé à « sa libération immédiate et à son rétablissement dans ses fonctions ».
Au Niger, ce n’est pas la première fois qu’un président déposé doit répondre devant la justice. En 2010 déjà, Tandja Mamadou a été accusé puis inculpé pour « haute trahison » et « malversations financières ». Résultat, il a été placé en résidence surveillée, avant son transfèrement à la prison civile de Kollo, non loin de la capitale. Il est mort en 2020 des suites d’une maladie.
ID/ac/APA