Les chefs d’Etat de la Cédéao ont décidé de recourir à la force pour rétablir Mohamed Bazoum dans ses fonctions de président démocratiquement élu.
Le Bénin affûte ses armes et attend le signal pour mettre des soldats à la disposition de la Force en attente de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao). L’organisation ouest-africaine maintient l’option militaire pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel au Niger après le coup d’Etat qui a renversé le président Mohamed Bazoum le 26 juillet. A Cotonou, le débat tourne autour du rôle de l’Assemblée nationale dans ce processus.
« Nous ne déclarons pas la guerre au Niger »
La question fait débat depuis que le porte-parole du gouvernement béninois a déclaré que le gouvernement n’a pas besoin de saisir l’Assemblée nationale pour envoyer des militaires en vue de l’intervention envisagée par la Cedeao au Niger. Lors d’une intervention sur la télévision publique, Wilfried Léandre Houngbédji a précisé que le Bénin n’entre pas en guerre contre le Niger, donc pas besoin que le Chef de l’Etat s’en explique devant l’Assemblée nationale.
« Nous ne déclarons pas la guerre au Niger, il n’y aura pas de guerre entre le Bénin et le Niger. Ce que la constitution du Bénin a prévu, c’est que si nous déclarons la guerre à un autre pays, nous informions l’Assemblée nationale qui en débattrait. Il ne s’agit pas de cela ici », s’est justifié M. Houngbédji. Il ajoute que le Bénin est dans une dynamique sous régionale qui ne signifie pas que les populations de l’espace communautaire vont entrer en guerre contre les populations nigériennes.
« C’est une déclaration de guerre », estime l’opposition
L’opposition parlementaire n’est pas de cet avis. Les 28 députés du parti Les Démocrates qui représentent l’opposition à l’Assemblée nationale appellent le gouvernement de Patrice Talon à respecter la constitution. Le député Kamel Ouassagari estime que si jamais, la Cédéao engage une opération contre le Niger, c’est une déclaration de guerre. Il rappelle que le Mali et le Burkina Faso ont averti que si les soldats de la Cédéao tentaient une action contre les militaires au pouvoir à Niamey, ils entreraient en guerre aux côtés du Niger. « Il y aura une rivalité avec d’un côté le Niger, le Mali été le Burkina et de l’autre les Etats de la Cédéao, donc cela veut dire que c’est une guerre. Au niveau du parti Les Démocrates, nous demandons simplement au gouvernement de respecter les dispositions de la constitution du Bénin qui dit en son article 101 que la déclaration de guerre est autorisée par l’Assemblée », soutient M. Ouassagari.
Le parlementaire de l’opposition ajoute qu’au Nigéria voisin, le président Bola Tinubu a saisi le sénat qui n’a pas donné un avis favorable à une intervention de la Cédéao au Niger.
Les députés de l’opposition béninoise se sont clairement prononcés contre toute intervention de l’institution communautaire au Niger. Ils ont appelé le gouvernement à ne pas engager des militaires béninois dans ce qu’ils ont qualifié d’aventure.
Déjà, les députés du groupe parlementaire Les Démocrates ont adressé 19 questions orales avec débat au gouvernement béninois. Ils invitent l’exécutif à s’expliquer devant le parlement sur la probable intervention militaire de la Cédéao au Niger, pour rétablir le président déchu, Mohamed Bazoum. L’opposition parlementaire béninoise veut aussi entendre le gouvernement sur les sanctions imposées au Niger après le coup d’Etat du 26 juillet 2023.
Les positions se radicalisent
A l’occasion d’une rencontre de deux jours à Accra, les chefs d’État major de la Cédéao ont mis au point le plan de l’intervention militaire qui devrait être validé par les dirigeants ouest-africains. Un recours à la force qui se précise d’autant que la mission de médiation du bloc régional envoyée samedi 19 août à Niamey se serait soldée par un échec.
Dans un discours prononcé samedi soir, le général Abdourahamane Tiani a mis en garde l’institution communautaire contre toute agression contre son pays qui, à l’en croire, ne serait pas une promenade de santé. Le président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie a invité les forces vives au dialogue et a annoncé une transition qui ne devrait pas excéder trois ans.
RK/ac/APA