Le District autonome d’Abidjan a engagé la démolition des quartiers Gesco et Boribana, dans l’Ouest et le Nord de la capitale économique ivoirienne, laissant sans abris des milliers de personnes.
Mme Adjaratou Traoré, députée à Koumassi, a marqué sa « compassion envers les populations sinistrées qui ont été plongées dans la détresse », se disant « solidaire » des collègues députés des circonscriptions concernées notamment du président de l’Assemblée nationale, Adama Bictogo, maire de Yopougon.
Elle a rappelé que le Code de l’urbanisme et du domaine foncier urbain en son article 4 dispose que « l’Etat et les collectivités territoriales ont le devoir de planifier et d’organiser l’utilisation du sol en vue d’assurer, sans discrimination défavorable, aux populations, des conditions durables et optimales de vie, d’habitat, de circulation et d’offres de services publics répondant à la diversité de leurs besoins ».
Pour Adjaratou Traoré, « si l’on veut embellir la ville ou sauver les populations des zones à risques d’éventuels sinistres, il faut le faire dans les règles de l’art en ne méprisant pas les textes dont nous nous sommes dotés ».
Selon la députée ivoirienne, la politique d’embellissement ou de déguerpissement doit se faire « sans discrimination défavorable, aux populations » au regard des textes. Dans ce sens, cette disposition légale a été « royalement ignorée ».
« Je salue la prompte réaction du gouvernement qui a décidé de lancer des consultations menées par le Premier Ministre, ex-gouverneur du District d’Abidjan qui connait très bien les ficelles du métier », a-t-elle lancé, se disant rassuré qu’il trouvera « les mots justes pour apaiser les cœurs meurtris ».
« Ce qui s’est passé à Gesco (un quartier de Yopougon), surtout la destruction malencontreuse de cette école est symptomatique de ce qui s’est maintes et maintes fois déroulé à Koumassi (Sud d’Abidjan), où des quartiers entiers comme Houphouët-Boigny I et II totalement ravagés sans mesure d’accompagnement au motif que les populations pauvres vivaient dans un état d’animalité et de non vie ».
Si des dispositions pour sauver l’année des élèves de l’école CHA Hélène de Yopougon Gesco sont « en train d’être étudiées, alors pourquoi les deux cents (200) élèves de l’école « Adonaï » des quartiers Houphouët-Boigny I et II de Koumassi ont été laissés pour compte quand leurs domiciles ont été rasés par l’ex maire devenu ministre gouverneur d’Abidjan, s’est-elle interrogée.
Adjaratou Traoré estime que « le ministre gouverneur, par son zèle amer, est en train de ruiner profondément le Projet d’aménagement des quartiers restructurés d’Abidjan (PAQRA) ». Le PAQRA est financé par l’Agence française de développement (AFD).
Ce financement entre dans le cadre du Contrat de désendettement et de développement (C2D). Pour ces quartiers, c’est un programme de plus de 32 milliards de FCFA qui a été mis en place, a-t-elle renseigné.
« Le ministre gouverneur est en train de faire passer le PAQRA pour un vaste plan visant à écraser les plus démunies au profit des plus nantis ? Comment nos partenaires extérieurs vont-ils réagir face à de telles énormités ? », a-t-elle poursuivi.
Elle soutiendra qu’en principe, c’est le ministre de la Construction, du logement et de l’urbanisme qui devrait être en pole position pour mener ce vaste projet d’urbanisation. De ce fait, que vient chercher le ministre gouverneur dans les prérogatives du ministre en charge de l’urbanisme ?
Le ministre de la Construction, du logement et de l’urbanisme a rencontré, d’ailleurs, le mercredi 29 mars 2023, les chefferies et représentants des jeunes et des femmes des grands quartiers d’Abidjan concernés par le PAQRA.
Le Projet PAQRA vise des quartiers Gesco (Yopougon), Abobo PK 18 (Abobo), Grand campement, Divo I et II (Koumassi). Pour la députée, « rien, alors, ne peut justifier ces méthodes déshumanisantes que nous voyons depuis un certain temps » concernant les démolitions observées.
Adjaratou Traoré s’insurge de ce que « ce noble projet d’urbanisation » soit « mal parti (…) il est souhaitable de mettre véritablement en place de vraies mesures d’accompagnement social car il faut que l’homme soit au centre de toute politique de développement ».
AP/APA