La Côte d’Ivoire ambitionne de faire de l’industrie créative un moteur de l’économie, à travers la formation, la création d’emplois, avec un impact sur le tourisme et l’image du pays.
A l’occasion d’un panel tenu ce mardi 2 avril 2024, à la Maison de l’entreprise, le siège du Patronat ivoirien, Dedy Bilamba, co-fondateur de Afro VFX, a exposé sur la thématique : « Enjeux des industries créatives numériques : entre entrepreneuriat local et marchés internationaux ».
Face à des acteurs du secteur, il a annoncé un programme de formation les 3 et 4 avril 2024, sur les berges de la lagune Ebrié, soutenu par une entreprise de téléphonie, avec pour objectif de favoriser des talents en VFX animation.
« On a décidé de commencer par la Côte d’Ivoire parce que c’est vraiment la porte d’entrée de l’Afrique de l’Ouest en termes de créativité », a dit M. Bilamba, soulignant que cette industrie génère des millions de dollars qui « échappent un tout petit peu » au continent.
Selon Dedy Bilamba, l’Afrique « a des défis de main d’œuvre et d’infrastructures », outre quelques pays, notamment le Nigeria et l’Afrique du Sud. « L’idée, c’est de faire en sorte que la Côte d’Ivoire soit capable de donner l’exemple à la sous-région en tant que terre capable d’attirer des tournages ».
Dans les années 80, rappellera-t-il, des films comme les « Bronzés » qui se tournaient à Assinie, station balnéaire située dans le Sud-est ivoirien, ont fait ressortir la beauté des plages et de l’embouchure, à travers la cinématographie.
Il a soutenu que l’industrie créative mettra davantage en lumière le paysage urbain, le paysage naturel, la faune et la flore, et tout ce que la Côte d’Ivoire a à donner. Toutefois, il reviendra aux acteurs de se « structurer et d’écrire des histoires qui vont mettre cela en valeur ».
« Sortons des salons, sortons des chambres et faisons-en sorte que ce soit vu. C’est pour cela que nous Afro VFX on porte un projet, c’est que la Côte d’Ivoire puisse se doter d’un plateau de tournage virtuel qui puisse être mutualisé par différents pays comme le Ghana et le Nigeria », a-t-il lancé.
Dédy Bilamba ne manquera pas d’ajouter que les coproductions sont fondamentales, toutefois « on n’est pas obligé d’être dans des coproductions artistiques, on peut aussi être des sous-traitants techniques. (D’ailleurs), le Québec est le sous-traitant de Hollywood en termes de post-production VFX ».
« De la même manière, la Côte d’Ivoire peut être le sous-traitant de post-productions VFX pour un énorme marché comme Nollywood », a-t-il poursuivi. L’industrie VFX permet de faire le narratif d’une culture ou d’une histoire via des films ou des jeux vidéo.
Rob Van Den Bragt (studio Chocolate Tribe, Afrique du Sud), une référence sud-africaine qui travaille avec Disney et Netflix, des géants mondiaux de VFX, a fait observer que les grandes compagnies dans le monde ont des « appréhensions » quant à l’investissement en Afrique.
Pour ce faire, les pays du continent devraient développer l’industrie créative et culturelle en racontant des histoires, des narratifs qui pourraient changer la perception de l’Afrique et mettre en exergue les potentiels et les compétences locales.
Mme Nosipho Van Den Bragt a noté qu’en Afrique, la créativité est parfois perçue comme un passe-temps, mais « c’est un business ». Elle ajoutera que lorsque « quelqu’un raconte ton histoire, ce n’est jamais aussi authentique » que soi-même.
Hamid Ibrahim, fondateur du studio Kugali (Nigeria), a actuellement la première société au monde qui collabore avec Disney. Et ce, parce que les compagnies internationales ont compris qu’il leur faut de l’authenticité en termes de contenus.
Dans ce contexte, les grandes compagnies sont à la recherche de collaborations avec des studios africains capables de raconter une histoire africaine avec des valeurs, avec l’humour. Toute chose qui ouvre la porte à des contrats.
Gertrude Koné, présidente de la Commission économie numérique et entreprises digitales de la Cgeci, le Patronat ivoirien, a invité les acteurs du secteur à saisir les opportunités dans cette industrie où « l’on parle de milliards de Fcfa en termes de chiffres d’affaires, mais également de rentabilité ».
L’industrie créative (le cinéma) sera abordée avec d’autres thématiques comme l’industrie culturelle et sportive, lors du Forum African Digital Week 2024 (ADW 24) de la Cgeci, qui se tiendra du 19 au 25 avril 2024 à l’ESATIC et au Bbr, à l’île Boulay, a indiqué Mme Gertrude Koné.
AP/APA