L’Afrique du Sud retient son souffle alors que la question de la candidature de Jacob Zuma est examinée lors d’une audience cruciale ce vendredi.
À la tête du nouveau parti d’opposition MK, Jacob Zuma, âgé de 82 ans, cible notamment les électeurs mécontents de l’ANC, le parti au pouvoir déjà fragilisé, qui risque de perdre sa majorité parlementaire pour la première fois lors des élections législatives du 29 mai.
Cependant, la Commission électorale (IEC) a fait valoir que Jacob Zuma, impliqué dans plusieurs scandales de corruption, devrait être exclu du scrutin en raison de sa condamnation pour outrage en 2021.
La Cour constitutionnelle, basée à Johannesburg, est appelée à statuer après qu’un tribunal électoral a donné raison à Jacob Zuma en avril. Sa décision pourrait être rendue la semaine prochaine.
Cette audience suscite de vives inquiétudes parmi les observateurs. L’incarcération de Jacob Zuma en 2021 avait déclenché une vague d’émeutes sans précédent, causant plus de 350 décès. Beaucoup craignent une répétition de ces événements tragiques.
Dans le camp de l’ancien président, beaucoup considèrent la Cour constitutionnelle comme partiale. C’est cette même cour qui, en 2021, l’avait condamné à 15 mois de prison pour son refus obstiné de témoigner devant une commission enquêtant sur la corruption généralisée pendant son mandat présidentiel (2009-2018).
De plus, le président de cette commission spéciale est désormais président de la Cour.
Les avocats de Jacob Zuma ont argué que lui-même et les cinq autres juges ayant siégé lors de sa condamnation devraient se récuser pour partialité, ce qui laisserait la Cour sans suffisamment de juges pour entendre l’affaire.
La Cour doit trancher sur l’interprétation d’une disposition constitutionnelle interdisant à toute personne condamnée à plus de 12 mois de prison de siéger au Parlement. La commission électorale soutient que cette disposition s’applique à Jacob Zuma. Mais les avocats de l’octogénaire ont plaidé avec succès devant le tribunal électoral que ce n’était pas le cas, arguant que sa peine avait été réduite par une remise de peine.
Jacob Zuma n’a passé que deux mois derrière les barreaux, bénéficiant d’une libération conditionnelle pour raisons de santé puis d’une remise de peine.
Son nouveau parti, uMkhonto we Sizwe (MK), a rapidement gagné en importance politique, certains sondages lui accordant plus de 8% des intentions de vote. S’appuyant sur la popularité de son leader charismatique, le MK pourrait ravir des voix à l’ANC, dont Jacob Zuma a été un pilier pendant des décennies. Si l’ANC perd sa majorité parlementaire, elle devra former un gouvernement de coalition pour rester au pouvoir.
Dans son appel, l’IEC a assuré qu’elle ne cherchait pas à intervenir dans le jeu politique, mais souhaitait simplement clarifier l’interprétation de la Constitution pour garantir des élections libres et équitables. Elle a expliqué dans des documents déposés auprès du tribunal que si Jacob Zuma était déclaré inéligible, cela n’affecterait pas la logistique du scrutin. Son nom figurerait toujours sur les bulletins du MK, évitant ainsi une réimpression, mais il ne serait pas élu à l’issue du scrutin.
Avec AFP