Il a promis d’être « le Président des Tchadiens de tous horizons et de toutes sensibilités ».
Le général Mahamat Idriss Déby Itno, chef de la junte militaire depuis trois ans au Tchad avant d’être élu Président dans un scrutin boycotté par l’opposition, a prêté serment jeudi pour un mandat de cinq ans, renouvelable une seule fois.
Son élection à la présidentielle du 6 mai, avec officiellement 61% des suffrages, met fin à une période de transition au début de laquelle il avait été proclamé, le 20 avril 2021, à la tête de l’Etat par une junte militaire à la mort de son père Idriss Déby Itno. Le maréchal venait d’être tué par des rebelles en se rendant au front, après avoir dirigé le Tchad pendant plus de 30 ans.
« Nous, Mahamat Idriss Déby Itno (…), jurons devant le peuple tchadien et sur l’honneur (…) de remplir les hautes fonctions que la Nation nous a confiées », a juré le chef de l’Etat, vêtu de son traditionnel boubou blanc, devant les membres du Conseil constitutionnel et des centaines d’invités au Palais des Arts et de la Culture de N’Djamena.
Après avoir vanté dans un discours le « retour à l’ordre constitutionnel », il a promis d’être « le Président des Tchadiens de tous horizons et de toutes sensibilités ».
Il a également salué l’esprit de fair-play de ses adversaires à la présidentielle qui ont reconnu sa victoire et l’ont félicité. « Soyons tous acteurs, individuellement et collectivement engagés pour réaliser ce changement tant espéré, voulu et attendu par tous », a-t-il appelé.
Dans les cinq prochaines années qui marqueront son mandat, Mahamat Idriss Déby Itno promet consacrer 70% des dépenses publiques à l’amélioration de l’accès à l’éducation, à l’eau, à la santé, à l’énergie et à la souveraineté alimentaire.
L’élection de ce général de 40 ans, marque aussi la fin d’une transition de trois ans.
Face à lui, l’ex-opposant Succès Masra, nommé Premier ministre en janvier dernier, n’a recueilli que 18,54% des suffrages valablement exprimés. Après avoir revendiqué la victoire, il a finalement appelé ses partisans à « poursuivre le combat politique (…) pacifiquement ». Masra a présenté sa démission mercredi et était absent à l’investiture.
La cérémonie était aussi l’occasion, en jaugeant le nombre de chefs d’Etat présents, de voir si la communauté internationale soutient toujours celui qu’elle avait adoubé sans barguigner en 2021, alors qu’elle vilipendait et sanctionnait partout ailleurs en Afrique les militaires putschistes.
Plusieurs chefs d’Etat, tous africains parmi lesquels le Mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, le Togolais Faure Gnassingbé, le Centrafricain Faustin Archange Touadera, le Gabonais Brice Clotaire Oligui-Nguema, le Bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo, le Burundais Evariste Ndayishimiye et le Nigérian Bola Tinubu, ont fait le déplacement à N’Djamena. Quelques autres ont dépêché des ministres, le reste leurs ambassadeurs.
Le Français Emmanuel Macron, l’un des rares chefs d’Etat occidentaux à avoir publiquement « félicité » M. Déby pour son élection, a dépêché à l’investiture son ministre délégué chargé notamment du Commerce extérieur et de la Francophonie, Franck Riester.
Le Tchad, pays parmi les plus pauvres du monde, est considéré comme le pilier régional de la guerre contre les jihadistes au Sahel. Paris y entretient un millier de ses militaires, ailleurs expulsés du Mali, du Burkina Faso et du Niger au bénéfice de la Russie et ses paramilitaires ou mercenaires.
Le président russe Vladimir Poutine a été l’un des tout premiers chefs d’Etat à féliciter Mahamat Déby pour son élection.
CA/ac/APA avec AFP