Ce projet dénommé Initiative pêches côtières (IPC), mis en œuvre par la FAO, vise à préserver des espèces marines, très prisées, constituant des sources importantes de revenus pour les acteurs de la pêche.
Sur le site du débarcadère de Sassandra, station balnéaire dans le Sud-ouest ivoirien, des acteurs de la pêche du Sénégal, du Cap-Vert et de la Côte d’Ivoire, trois pays africains couverts par le projet IPC, ont partagé ce jeudi 23 mai 2024, leurs expériences et modèles en matière de gouvernance de pêche.
La contribution de la pêche côtière à la durabilité environnementale, économique et sociale dans ces pays africains est menacée par une pression de pêche élevée, la capture d’espèces juvéniles, des conditions de travail informelles et précaires.
Ceci réduit les bénéfices au profit de la communauté de pêche et contribue à la dégradation des écosystèmes côtiers. Le projet IPC a permis de renforcer la gouvernance, la gestion et les chaînes de valeur des pêches grâce à la mise en œuvre d’une approche écosystémique.
Espèces cibles et pratiques responsables
Au Sénégal, trois espèces ont été choisies, la crevette côtière, l’huître et les arches (mollusques). Alors qu’en Côte d’Ivoire, c’est la sardinelle appelée « magne » qui a été ciblée, et le mérou au Cap-Vert. Ces espèces, très prisées, constituent des sources importantes de revenus pour les acteurs de la pêche.
La surpêche et les captures d’espèces marines juvéniles a provoqué une rareté de ces ressources halieutiques. Le projet IPC a permis au Cap-Vert, en Côte d’Ivoire et au Sénégal, d’observer le repos biologique et de ne pas pêcher les espèces marines juvéniles.
Mamadou Thiam, consultant en gouvernance de la gestion des pêches au niveau du projet IPC en Afrique de l’Ouest, à la FAO Sénégal, a souligné l’importance de faire des études sur les espèces ciblées et d’impliquer les institutions de recherche.
Il a, en outre, relevé l’intérêt de mettre en place un organe de cogestion pour assurer la pérennité des activités, de promouvoir la recherche participative qui permet d’orienter les décisions et de mettre en place une équipe de surveillance dans le cadre de la cogestion.
Cet expert des pêches n’a pas manqué d’exhorter les acteurs à penser à un modèle de financement des Comités de gestion, à impliquer l’ensemble des parties prenantes et à renforcer les capacités des acteurs engagés dans la cogestion pour apporter leurs contributions à la mise en œuvre des projets.
Gouvernance et pérennisation du projet IPC
« Le projet se termine et il ne faudrait pas qu’à la fin du projet que les choses s’arrêtent. Donc, bien qu’on est en train de travailler sur une seconde phase et qu’il y aura certainement d’autres initiatives », il faut œuvrer à garder cet élan, a conseillé Fatou Sock, coordonnatrice régionale du projet IPC.
Fatou Sock a déclaré que « les principaux acteurs, c’est vous, qui pouvez apporter le changement. Nous, on ne vient que contribuer à apporter un peu d’expertise et un peu de financement » pour booster les activités et les initiatives des communautés de pêche.
Elle a annoncé « un groupe WhatsApp pour permettre aux acteurs de communiquer » et de « poursuivre les discussions jusqu’à ce qu’on ait d’autres initiatives ». Toute chose qui devrait permettre aux acteurs de pêche de ces trois pays de « partager les problèmes communs » et de trouver des solutions locales.
« On demande que le projet puisse continuer pour évoluer avec la cogestion et avoir beaucoup plus de poissons », a laissé entendre Maria Edelmira Carvalho, consultante pour le projet IPC au Cap-Vert, où les pêcheurs opèrent sous forme associative et dans un esprit d’entreprise.
Serge Sougohi, président de l’ONG Afrique verte environnement, à Sassandra, souhaite un « appui » en termes « technique, opérationnel, financier, aussi bien au niveau des organes de l’Etat que des partenaires techniques du projet pour permettre une pêche durable en Côte d’Ivoire ».
Au niveau de la gouvernance, les acteurs de la pêche au Sénégal opèrent en Groupement d’intérêt économique (GIE), une volonté de l’Etat en vue de permettre aux acteurs d’être de véritables entrepreneurs. En Côte d’Ivoire, les acteurs sont regroupés en sociétés coopératives.
AP/APA