Ernest Bai Koroma est accusé de trahison pour son rôle présumé dans le coup d’État militaire manqué de novembre dernier.
Cela fait cinq mois que l’ancien président de la Sierra Leone, Ernest Bai Koroma, s’est envolé pour le Nigeria après une décision de justice qui l’a autorisé à quitter le pays pour des raisons médicales.
Le septuagénaire suscitait l’intérêt des autorités de Freetown qui l’avaient accusé de trahison, une allégation qu’il avait vigoureusement niée.
Un nombre croissant de Sierra-Léonais s’interrogent sur les véritables raisons du séjour prolongé de M. Koroma au Nigeria et sur le secret qui a entouré les événements qui ont conduit à son départ.
M. Koroma a quitté la Sierra Leone en janvier après qu’un tribunal l’a autorisé à se rendre à l’étranger pour des raisons médicales, bien qu’il soit accusé de trahison pour son rôle présumé dans le coup d’État militaire manqué de novembre dernier. Il a été convoqué pour un interrogatoire et apparemment assigné à résidence.
Malgré ces graves allégations, la Haute Cour a ensuite décidé qu’il pouvait quitter temporairement le pays pour se faire soigner à l’étranger.
Il s’est envolé pour le Nigeria, où il s’est fait discret depuis lors.
La décision du tribunal de l’autoriser à quitter le pays a intensifié les tensions politiques en Sierra Leone, alors que la réélection du président Julius Maada Bio pour un second mandat en 2023 était controversée. Le principal candidat de l’opposition a rejeté les résultats de l’élection et les observateurs internationaux ont exprimé des inquiétudes quant à l’intégrité du scrutin.
L’équipe juridique de M. Koroma a qualifié les accusations portées contre lui de « fausses », suggérant qu’elles s’inscrivent dans le cadre d’une vendetta politique plus large visant à le saper, lui et ses alliés politiques. Ils affirment que les accusations manquent de preuves substantielles et qu’elles visent à diminuer l’influence de Koroma.
Avant le départ de Koroma, le Dr Omar Alieu Touray, président de la Commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao), a effectué deux visites en Sierra Leone à la suite de la tentative de coup d’État du 26 novembre 2023. Ces visites ont donné lieu à des spéculations selon lesquelles la Cédéao pourrait avoir négocié un accord avec les autorités sierra-léonaises pour faciliter la relocalisation discrète de Koroma en exil au Nigéria.
Pour ajouter au mystère, le tribunal a ajourné l’affaire à partir du 6 mars afin de donner aux deux parties plus de temps pour résoudre les problèmes et garantir une procédure judiciaire équitable. Cet ajournement a encore retardé toute résolution définitive de la situation, laissant de nombreux Sierra-Léonais dans l’incertitude et ne sachant que penser.
Bien que d’autres personnes liées au coup d’État avorté de novembre soient toujours détenues, l’air de la Sierra Leone est chargé d’incertitude quant à ce qu’il adviendra de l’affaire de trahison alors que Koroma, l’un des principaux suspects, n’est pas sous la juridiction territoriale de l’État.
Tandis que la procédure judiciaire est soumise à la critique des Sierra-Léonais, le débat sur la question de savoir si l’ex-président Koroma se trouve au Nigeria pour des raisons médicales ou dans le cadre d’un exil politique n’est toujours pas tranché.
La situation continue d’être suivie de près, tant en Sierra Leone que par les observateurs internationaux, car elle a des implications significatives pour la stabilité politique et l’intégrité juridique du pays.
AB/lb/ac/APA