Plus d’une dizaine de pays de l’espace francophone réfléchissent, à Abidjan, sur le modèle d’extension de l’enseignement des langues nationales dans le système éducatif, aux côtés du français.
Anastasie Sepou, le directeur de cabinet adjoint, représentant le ministre ivoirien de l’Education nationale et de l’alphabétisation, a procédé ce lundi 24 juin 2024, à l’ouverture d’un atelier de partage et d’appropriation du modèle d’extension de l’enseignement bilingue.
Elle a relevé qu’en Côte d’Ivoire, 37 écoles réparties dans 11 régions, bénéficient de la phase pilote de l’enseignement bilingue. Il s’agit de la Région du Sud Comoé, du Gontougo, de la Nawa, de l’Agneby Tiassa, du Poro, des Montagnes, du Bélier, de La Mé, du Worodougou, du Tchologo et du Béré.
Tirant les leçons de la phase pilote, la Côte d’Ivoire se prépare au déploiement de la phase 3 de l’Initiative ELAN qui procédera à l’extension, à la fois géographique et linguistique de ce programme, a-t-elle souligné, ajoutant qu’il « couvrira 380 écoles primaires pour 19 régions ».
Le directeur de cabinet adjoint du ministère ivoirien de l’Education a annoncé que huit autres régions s’y ajouteront, notamment la Région des Lagunes, du N’Zi, du Gôh, du Haut Sassandra, du Gbêkê, des Lacs, du Kabadougou et du Bafing. Et ce, durant la période de 2024 à 2027.
« La vision du déploiement de l’enseignement bilingue ne concerne pas seulement que le primaire, mais aussi à long terme, concernera également le secondaire », a-t-elle poursuivi. Cet atelier qui se tient sur deux jours devrait permettre de profiler le modèle approprié pour une extension réussie.
« Dans un monde de plus en plus interconnecté, où les frontières s’effacent et où les échanges culturels se multiplient, il est essentiel de préserver et de promouvoir la richesse de nos langues maternelles, le reflet de la diversité de nos cultures et de nos modes de pensées », a-t-elle déclaré.
Cet atelier de partage et d’appropriation du modèle de simulation de l’extension/généralisation de l’enseignement bilingue est organisé par l’Institut de la Francophonie pour l’éducation et la formation (IFEF), en collaboration avec le ministère ivoirien de l’Education.
Mme Bodiel Fall, a, au nom de la directrice de l’Institut de la Francophonie pour l’éducation et la formation (IFEF), soutenu que l’éducation est la pierre angulaire du développement social, économique et culturel d’un pays et l’outil par excellence pour bâtir un avenir meilleur.
Le Programme ELAN devrait permettre l’amélioration de la qualité des enseignements dans la visée des objectifs de développement durable, a-t-elle fait savoir, tout en mentionnant que les évaluations des acquis scolaires des élèves au cours de la dernière décennie commandent d’innover dans les pratiques de l’apprentissage.
Le rapport d’évaluation PASEC 2014 comme celui de 2019 font, en outre, état d’un « niveau insuffisant » des élèves en lecture et écriture et en calcul dans la plupart des pays concernés, a-t-elle fait observer, affirmant que le développement du capital humain est intrinsèquement lié à la langue d’enseignement.
Selon l’Unesco, 4 enfants sur 10 dans le monde reçoivent un enseignement dans une langue qu’ils ne comprennent pas, et en Afrique, il s’agit de 8 enfants sur 10. Ce qui requiert une amélioration du système d’enseignement.
L’atelier regroupe les partenaires techniques et financiers, les points focaux du Programme ELAN Afrique, les directeurs de la planification des ministères de l’Education nationale des 11 pays hôtes et les responsables des ONG œuvrant pour la promotion des langues nationales.
L’éminent professeur ivoirien, Saliou Touré, a été le premier à expérimenter l’enseignement bilingue en Côte d’Ivoire en 1990, à Kolia (Nord). A cet atelier, l’on notait aussi la présence de Jean-Louis Billon, le président de la Commission des Affaires sociales et culturelles de l’Assemblée nationale ivoirienne.
AP/APA