Dans la région de Kolda (sud), la Fondation Mastercard aide les populations à se remettre de la pandémie du coronavirus.
Sortir les populations résilientes de la Covid-19, est une préoccupation de l’Etat du Sénégal. Pour ce faire, il a initié plusieurs programmes. Mais, dans cette démarche, le gouvernement est aidé par des partenaires comme la Fondation Mastercard. Celle-ci déroule, par le biais de l’ONG Tostan, un programme de bourses trimestrielles inconditionnelles de 25.000 f cfa à chacune des 1700 familles bénéficiaires de la région de Kolda. Au même moment, un Fonds d’appui au développement (FAD) de 50.000 f cfa remboursables en janvier 2022 est également alloué à des bénéficiaires.
Grâce à ce fonds d’un million de francs cfa attribué par groupement constitué de 20 personnes, le village de Pa Diarra, dans la commune de Fafacourou, a pu initier un projet collectif consistant à payer deux génisses à 460.000 f cfa et à partager les 500.000 f cfa restant à 20 ménages.
« Avec le FAD, on a eu ce qu’on n’a jamais eu. Notre seule interrogation porte sur la pérennisation du projet. On peinait à trouver de l’argent pour dérouler nos activités, mais avec le FAD tout est réglé. On a mis en place ce projet collectif car, il est difficile de garder l’argent. C’est ainsi que nous avons payé deux vaches qui sont gérées par un groupe de deux femmes à 460.000 f cfa et les 40.000 f cfa qui restaient sur les 500.000 f cfa servent d’achat d’aliment. Les 500.000 f cfa restant du FAD sont partagés à raison de 25.000 f cfa par foyer pour un total de 20 foyers. Nous espérons un grand financement de la Fondation Mastercard qu’on peut gérer dans la paix, la solidarité et la discipline », explique El Hadj Goral Diamanka, chef de village de Pa Diarra.
Dans son village de Ndorna, commune éponyme, Kaïdy Baldé a bénéficié de la bourse inconditionnelle de la Fondation Mastercard. Taille élancée, teint clair, cette mère de famille jadis confrontée à des difficultés financières montre du doigt les deux chèvres payées grâce à la bourse.
« Ce bétail sera convertible en une vache ou en un taureau », dit Kaïdy, soutenant que la bourse lui a également permis de payer la scolarité de ses enfants car, avant elle avait des difficultés pour s’en acquitter.
Son voisin Hamadou Baldé, 45 ans, lui, a bénéficié des 50.000 f cfa du FAD et a su renforcer son commerce. Entouré de son épouse qu’il qualifie de bras droit et de ses deux enfants, M. Baldé dit vendre actuellement riz, huile, thé, sucre et condiments…
« Le FAD m’a permis d’être à jour dans le paiement de la scolarité de mes enfants et d’améliorer la qualité de notre alimentation. Avec le FAD, j’ai épuré mes dettes car, l’agriculture que je pratiquais ne me permettait pas de subvenir aux besoins de ma famille », dit fièrement Hamadou Baldé.
Ses propos sont confirmés par son frère Chérif Baldé, chef de village de Ndorna, qui servait de base au roi Moussa Molo Baldé. « Dans mon village, dit le Diarga comme l’appellent affectueusement ses administrés, les bourses inconditionnelle et le FAD ont renforcé la solidarité car, tous les bénéficiaires s’entraident. C’est pourquoi je plaide pour la mise à l’échelle du projet à tous les villageois ».
Né en 1954, Abdoulaye Sabaly, s’active dans l’élevage grâce à la bourse. « Je crois qu’il ne faut plus parler de bourse mais de &ngalou& qui signifie richesse dans notre puular. Elle m’a trouvé dans une situation très difficile et j’étais submergé par les dettes. Mais avec la bourse, je paie la ration alimentaire, les frais de scolarité de mes enfants surtout pour celui qui fait la classe de Terminale à Kolda (chef-lieu de région). Mon poulailler fait également de bons rendements », dit le polygame.
Autre commune, autre réalité. Dans le village de Koutayel sis dans la commune de Bignarabé, Mariama Diouldé Diallo, 46 ans, est bénéficiaire d’une bourse, ce qui lui a permis de mener des activités d’embouche ovine et de l’aviculture.
« Les deux premières tranches de la bourse je les avais confiées à mon frère qui vit à Kolda. Parallèlement je faisais du petit commerce de beignets au CEM. Les bénéfices ajoutés à la 3e tranche m’ont permis de payer un taureau à 80.000 f cfa. Si je le vends, je vais acheter deux vaches qui produiront du lait et m’aideront dans les travaux champêtres », confie de son côté Dienaba Noma de Sanankoro et coordonnatrice du Comité de gestion communautaire (CGE).
A quelques kilomètres de là, se trouve Madina Al Sadou dans la commune de Koulinto. Bénéficiaire du FAD, Abdoulaye Diao a pu cultiver cette année du maïs dont les intrants n’étaient pas à sa portée.
« Mais l’argent du FAD m’a permis de payer des semences et de l’engrais pour mon champ de maïs. Heureusement, les rendements sont bons », affirme M. Diao, qui nous montre fièrement le magasin dans lequel est stockée sa récolte de maïs.
En cette matinée du 24 novembre, la dame Fatou Diop vend le petit-déjeuner sous l’arbre à palabre devant le poste de santé de Niaming. Entourée des élèves du CEM situé à quelques mètres de là, elle écoule tranquillement sa marchandise, un commerce initié grâce à l’appui de la Fondation Mastercard.
« Je n’avais pas de fonds de roulement, mais avec le FAD, j’ai commencé à m’activer dans la vente de petit-déjeuner, une activité qui marche bien. Les malades et leurs accompagnateurs, et les élèves achètent. J’ai pu épurer mes dettes. Je suis prête à rembourser en janvier prochain », promet-elle.
Pour le maire de Niaming, Mamadou Lamine Boye, le projet est venu à son heure et a connu beaucoup de succès dans sa commune. « Nous avons rendu visite à des bénéficiaires et nous nous sommes rendu compte que de bonnes choses ont été réalisées grâce aux bourses et au FAD. Le projet vient en renfort à nos efforts pour la résilience des populations. Je salue également la manière dont les bénéficiaires ont été sélectionnés car, il n’y a aucune coloration politique. C’est pourquoi je lance un appel pour la pérennisation du projet car les besoins sont là », dit le maire Boye.
De son côté, le maire de Médina Yoro Foulah, Khalidou Sy, dit féliciter la Fondation Mastercard pour les bons résultats obtenus dans ce projet car avec la Covid-19, la pauvreté est devenue chronique dans la localité. « La restauration, les marchés hebdomadaires appelés &loumas&, bref beaucoup d’activités avaient cessé, plongeant beaucoup de gens ici dans le désarroi. Mais les bourses et le FAD ont permis de relancer les activités économiques des bénéficiaires. Les familles vulnérables se soignent et envoient leurs enfants à l’école, elles mangent bien », témoigne Khalidou Sy.
Même témoignage du Préfet du département de Médina Yoro Foulah, Alioune Badara Mbengue qui salue la collaboration entre la Fondation Mastercard et Tostan, ainsi que leur collaboration avec les autorités administratives et les élus territoriaux.
« Cela a donné un impact positif au projet en atténuant le choc né de la Covid-19. Dans la mise en œuvre, les Préfectures, les Sous-Préfectures et les collectivités territoriales ont bien été impliquées. Il faut également saluer la transparence dans le choix des bénéficiaires. Le projet vient appuyer le programme de résilience mis sur pied par l’État avec l’arrivée de la Covid-19. Ma recommandation porte sur l’extension du projet pour toucher toute la population car, tout le monde en a besoin », dit l’administrateur civil.
Selon lui, pour plus d’efficacité, il faut améliorer le suivi pour permettre de mieux lutter contre la pauvreté et créer de la richesse.
TE/APA