Malgré sa faiblesse dans le recensement des cas positifs au coronavirus au Sénégal (30 sur 342 cas au total), la transmission communautaire préoccupe plus d’un dans le pays qui réalise pourtant un taux de guérison exceptionnelle en Afrique.
« Les cas communautaires constituent une source d’inquiétude », s’alarme le Professeur Moussa Seydi, chef du service des maladies infectieuses du Centre Hospitalier et Universitaire de Fann (Dakar).
S’exprimant dans le journal Libération, ce médecin, qui est en première ligne dans la riposte, appelle à « prendre des dispositions plus strictes pour éviter la propagation » du virus.
La transmission communautaire se produit lorsqu’une personne contracte le Covid-19 d’une source inconnue et qu’un lien épidémiologique ne peut être établi. La maladie risque, dans ce cas, de se propager au sein de la communauté, d’une personne à une autre. C’est ce qui est arrivé à un patient habitant dans la capitale sénégalaise et actuellement sous traitement.
« Je ne suis pas sorti de la zone de Médina et Gueule Tapée, mais je ne puis vous dire où est-ce que j’ai chopé cette maladie », confie-t-il sous le couvert de l’anonymat dans l’émission Yéwoulène (réveillez-vous, en langue wolof) de la chaîne privée Télévision Futurs Médias (TFM). Stoïque à l’annonce de sa contamination, il dit se sentir « maintenant très bien » après avoir été interné dimanche dernier à l’hôpital Fann.
Quand il a commencé à développer des symptômes comme la toux et la fièvre, il a un temps pensé à une grippe passagère dont il a l’habitude, avant de se résoudre à aller se faire consulter dans un centre de santé en prenant certaines « précautions » comme le port d’un masque et de gants, amenant le médecin de garde à saluer sa « responsabilité ».
Propagation
« La maladie se propage. On doit être plus préventifs », conseille ce patient qui « ne (se) séparait jamais » de son masque et de son gel hydroalcoolique et respectait les gestes barrières.
Hier jeudi, le communiqué du ministère de la Santé et de l’Action sociale a annoncé que 435 tests ont été effectués : un record. De même que les 21 nouveaux cas de contamination au Covid-19 enregistrés dont deux communautaires.
Un mois et demi après l’apparition de la maladie au Sénégal, 342 cas ont été déclarés positifs dont 198 guéris, soit un taux de guérison de 57,8 %. Le pays n’a perdu que deux patients et un autre évacué en France, « finalement décédé » selon une source officielle. Au total, 141 malades, dont la majorité se trouve à Dakar, sont encore sous traitement.
Cette situation fait réagir plusieurs citoyens qui demandent aux autorités de rendre obligatoire le port du masque et les appellent également à dépister massivement les populations.
Mais ces dernières campent toujours sur leur stratégie d’identification, de test et d’isolement des personnes qui développent les symptômes de la maladie. « Si on voulait tester tous les habitants de Dakar, il faut tester 3,5 millions de personnes environ. On n’a pas les capacités de faire cela », laissait entendre au début de ce mois Amadou Alpha Sall, administrateur de l’Institut Pasteur de Dakar (IPD), invité de l’émission Grand Jury de la Radio Futurs Médias (RFM, privée).
Généralisation du port du masque
L’Institut Pasteur de Dakar, une structure de référence effectuant les examens virologiques du Covid-19 au Sénégal en compagnie de l’Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique et de formations (Iressef) de Diamniadio (périphérie de Dakar), va produire des tests rapides avec des kits de dépistage dès le mois de juin, dans le cadre d’une collaboration entre le Royaume-Uni et le Sénégal. « Quand le prototype sera suffisamment robuste, nous le produirons ici pour le rendre accessible en Afrique », affirme l’administrateur de l’IPD dans le journal français Le Monde.
Mais d’ici là, le Professeur Seydi reste convaincu que « le confinement partiel pourrait être efficace (même si) la solution la plus simple serait de généraliser le port du masque ».
Au niveau mondial, on dénombre plus de deux millions de cas du nouveau coronavirus dont 147.000 mortels. En Afrique, la maladie touche plus de 18.000 personnes et le cap du millier de décès sera probablement franchi dans les prochaines heures.
Le Secrétaire Général de l’Organisation des nations unies (Onu), Antonio Guterres, a affirmé mercredi dernier que seul « un vaccin sûr et efficace » pourrait mettre fin à cette crise sanitaire inédite.
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