Comme la veille, les journaux camerounais parus jeudi restent focalisés sur l’actualité politique locale, tout en continuant de s’interroger sur le futur la relation de plus en plus polémique du pays avec la France.
La photo du président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition), Maurice Kamto dans une marée humaine, la veille dans la métropole économique, Douala, s’affiche en couverture d’Émergence, de Le Jour et de The Guardian Post.
Désormais considéré comme le premier adversaire politique du président Paul Biya, l’homme, explique Le Jour, a tenu un meeting dans cette cité juste après son retour au bercail, auquel ont pris part quelque 300.000 personnes. Et The Guardian Post de se rappeler de l’époque de la réinstauration du multipartisme, au début de la décennie 90 lorsque Ni John Fru Ndi, le leader du Front social démocratique, soulevait le même genre d’enthousiasme auprès des foules dans la même ville.
En chœur, les deux publications relaient le discours de M. Kamto, qui continue d’appeler le pouvoir au dialogue, de réitérer l’exigence d’une réforme en profondeur du Code électoral, d’un cessez-le feu dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest (NO/SO) en proie à une violente crise sociopolitique depuis octobre 2016, mais aussi la libération sans conditions des prisonniers politiques.
Disant compter sur l’ensemble du peuple à qui il doit son engagement politique et à qui il promet d’y arriver, quelle que soit la durée, celui qui est arrivé en 2ème position à l’élection présidentielle d’octobre 2018 précise, dans Mutations : «Un combat politique ne se gagne qu’avec une vision politique et la résistance. Ceux qui sont venus pour un soir ou pour deux ou trois jours vont descendre du train, et ceux qui veulent arriver à la gare arriveront à la gare.»
Quotidien à capitaux publics, Cameroon Tribune préfère se concentrer sur une actualité immédiate, à savoir l’annulation des élections législatives dans 11 circonscriptions du NO/SO. La reprise desdites consultations, note la publication en même temps que l’hebdomadaire satirique Le Popoli, mettra aux prises 6 partis politiques qui se disputeront les 13 sièges en jeu, l’élection devant se tenir entre le 15 mars et le 4 avril 2020.
En attendant, répond en écho Le Jour, c’est l’élection des nouveaux exécutifs, dans les municipalités, qui divise les élites du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir). Dans les grandes agglomérations telles que la capitale, Yaoundé, renchérit Le Messager, la bataille pour la désignation des nouveaux super-maires oppose des groupes autochtones et promet bien de déchirements communautaires. Les premières perdantes de ces guerres fratricides sont les femmes, constate Baromètre Communautaire.
C’est ce même hebdomadaire qui, sous le titre «Macron l’agaçant», s’en prend violemment au chef de l’État français pour avoir révélé, samedi dernier, le contenu de ses échanges avec Paul Biya. «Le ton résolument paternaliste et provocateur pu président Macron suscite des interrogations quant aux intentions réelles de la France vis-à-vis du Cameroun et de son président», s’insurge, dans les colonnes de Mutations, le coordonnateur de l’Observatoire du développement sociétal, Lilian Koulou Engoulou.
La récente sortie du président français sur le Cameroun et son président, face à un «activiste» samedi dernier au Salon de l’agriculture à Paris, semble nous ramener à une époque coloniale que l’on pensait à jamais révolue, analyse Signatures sous le titre «Tintin au Cameroun» : que ce soit dans le fond que dans la forme, la prestation d’Emmanuel Macron est diplomatiquement et politiquement incorrecte et impolie.
FCEB/cgd/APA