Par Hicham Alaoui, envoyé spécial
Le changement climatique et ses innombrables impacts sur les écosystèmes occupent une bonne place dans l’agenda du 3ème forum Maroc-Etats Insulaires du Pacifique, qui a ouvert ses travaux ce jeudi dans la ville de Lâayoune, chef-lieu des provinces du sud du Maroc.
« Le premier défi est lié au changement climatique. Bien que cette question soit devenue, plus que jamais, une préoccupation pour tous les pays du monde, les petits États insulaires en développement du Pacifique sont sans aucun doute les plus vulnérables à ses conséquences menaçantes », a d’emblée lancé le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, dans son discours d’ouverture lu en son nom par le ministre délégué aux affaires étrangères, Mohcine Jazouli.
Selon le ministre, la détérioration des écosystèmes ne se limite pas à l’impact sur l’agriculture et les secteurs économiques clés, mais va jusqu’à menacer l’existence même de certains États insulaires du fait de l’augmentation du niveau de la mer, ajoutant que la gravité de ces défis et les efforts communs déployés pour faire face à leurs effets destructeurs ont incité les petits États insulaires en développement du Pacifique à traduire leur solidarité en plans d’action efficaces.
Pour lui, les pays, qui nourrissent une importance égale pour les zones marines et présentent des similitudes dans de nombreux secteurs économiques – tels que la pêche, l’agriculture et le tourisme, souffrent de manière disproportionnée et injuste des effets du réchauffement climatique, auxquels nous contribuons à peine.
« Cependant, nos pays sont parmi les plus activement impliqués dans la lutte contre le changement climatique et les plus déterminés à réaliser leurs contributions nationales spécifiques pour réussir la transition vers un développement impartial ».
A cet égard, le ministre a mis l’accent sur les efforts déployés par le Maroc pour lutte contre les effets du changement climatique, par le biais de stratégies sectorielles. « Le Maroc s’est engagé, au niveau international, à faire entendre la voix des petits pays en développement d’Afrique et du Pacifique, contribuant ainsi à la réalisation de la justice climatique pour ces pays », a-t-il insisité.
Dans cet esprit, le Maroc a saisi l’occasion d’accueillir la COP22 à Marrakech, afin de mobiliser à nouveau la communauté internationale contre le changement climatique. Il a également lancé la création de mécanismes africains innovants, tels que la Commission du climat pour les États d’Afrique et du Pacifique.
« Notre ambition est de jeter des ponts entre cette Commission et les petits États insulaires en développement du Pacifique, en partageant les expériences et les meilleures pratiques », a-t-il formé le vœu.
Les territoires et États insulaires sont, du fait de leur géographie et de leur isolement, dans des situations de vulnérabilité très importante vis-à-vis des changements climatiques dont les impacts se font ressentir dès à présent.
Augmentation des températures, variabilité des précipitations, cyclones, hausse du niveau de la mer, érosion côtière et salinisation des nappes phréatiques ou encore acidification des océans. C’est un cocktail explosif. Les impacts sont déjà nombreux sur les écosystèmes avec des phénomènes de blanchissement coralliens dans les zones intertropicales qui dévastent des pans entiers de récifs.
Les petits États insulaires ont toujours émis des revendications particulièrement claires lors des COP, demandant notamment que l’objectif d’augmentation maximale de la température moyenne soit ramené de 2°C à 1,5°C.
En appui à leurs revendications, les pays insulaires mettent régulièrement en avant la question des déplacements de population liés au climat. Les « réfugiés climatiques » sont ainsi devenus depuis quelques années les visages humains du changement climatique.
Placé sous le signe de la consolidation des liens de coopération, de la mise en œuvre des engagements pris, de l’unification des voix et de la promotion de la prospérité partagée, le 3ème Forum Maroc-Etats Insulaires du Pacifique
s’assigne pour objectifs d’exposer les expériences réussies dans les domaines présentant un intérêt stratégique dans les pays de ce groupement et d’identifier les priorités nationales et les axes d’une coopération Maroc-Etats insulaires du Pacifique pour le développement durable.
Cette rencontre de haut niveau sera également l’occasion de développer des feuilles de route pluriannuelles de coopération entre le Maroc et les Etats insulaires du pacifique, selon les priorités nationales des Etats du Pacifique et le potentiel de coopération qu’offre le Maroc, apprend-on auprès du ministère marocain des Affaires étrangères.
Cette 3ème édition à Laâyoune offre aussi un cadre idoine pour engager une réflexion profonde sur les défis liés au changement climatique, à la promotion des énergies renouvelables et à la concrétisation des Objectifs du Développement Durable (ODD), qui constituent aussi bien pour le Maroc que pour ces pays des axes majeurs dans la définition de leurs priorités nationales.
Les travaux de ce Forum seront couronnés par l’adoption d’une Déclaration finale. Des accords et mémorandums seront signés à l’issue de cet événement.
Crée le 5 août 1971 à Wellington en Nouvelle-Zélande, le Forum des îles du Pacifique est une organisation politique internationale de coopération régionale. Il réunit les 16 pays indépendants de l’Océanie.
HA/APA