L’épidémie du coronavirus (2019-nCoV), partie de Wuhan en Chine, réveille en Afrique les démons du virus Ebola dont l’expérience acquise permettra « forcément une meilleure riposte » contre cette nouvelle maladie.
L’infectiologue sénégalais, le professeur Moussa Seydi qui a été au cœur de la riposte et de la prévention contre Ebola au Sénégal, estime que ce virus est plus contagieux que le nouveau 2019-nCoV qui a déjà tué 425 personnes sur 20.400 cas recensés dans le monde en date du 4 février.
« Les moyens peuvent être efficaces (pour le continent), parce qu’Ebola est beaucoup plus contagieux et on a pu faire face. (…) L’expérience acquise de la lutte contre Ebola permet forcément une meilleure riposte contre coronavirus », a déclaré à APA le chef du service des maladies infectieuses du Centre hospitalier et universitaire de Fann à Dakar.
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Même si la comparaison est prématurée d’après lui, les chiffres montrent qu’Ebola est « plus dangereux » que le coronavirus pour avoir touché plusieurs pays en Afrique, notamment dans sa partie ouest.
« Avec Ebola, c’était en moyenne 50% de décès et parfois jusqu’à 90%. Avec le coronavirus, c’est un peu plus de 22.000 cas et un peu plus de 400 décès », a dit le professeur Seydi qui fait référence au bilan de l’Organisation mondiale de la santé rendu public le 4 février.
C’est moins risqué cependant que l’épidémie se soit déclarée dans des « pays où les moyens existent ». Car si elle « avait commencé en Afrique, la propagation serait beaucoup plus inquiétante », a indiqué Moussa Seydi.
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Par ailleurs, constate-t-il, les pays africains ont mis en place « de bonnes mesures ». Mais quelles que soient « leur importance », elles ne peuvent pas empêcher à 100% l’arrivée d’un cas ». « L’essentiel est de le détecter à l’aéroport (pour l’isoler et le prendre en charge) », comme l’a fait le Botswana qui a détecté et mis en quarantaine cinq cas suspects en provenance de Wuhan, au centre de la Chine où le coronavirus est apparu en décembre dernier.
Le coronavirus et ses inconnus
Ainsi d’après le spécialiste, les risques sont « réels partout dans le monde » à cause des mouvements internationaux que font les gens. Et les mesures prises depuis le début « vont être réadaptées en fonction des nouvelles données », parce qu’il y a encore « beaucoup de choses qu’on ne connait pas par rapport à ce virus ».
Mais « il n’y a pas lieu de se stresser », tempère Pr Seydi, soulignant que « le système de surveillance mondiale est efficace. Ce système n’est pas seulement africain, parce que même ce qu’on fait au Sénégal va concerner l’OMS ».
Pour lui, « on viendra à bout de cette épidémie même si ça va prendre quelques temps ».
Comme d’autres pays du continent, le Sénégal a pris des mesures de précaution sanitaires supplémentaires. A l’aéroport international Blaise Diagne de Diass (AIBD) par exemple, les autorités ont installé des caméras thermiques pour prendre la température des passagers au contrôle des passeports.
« On a les moyens et les équipements. On est formé et bien organisé par rapport à tout ça. Il y a beaucoup de structures qui sont impliquées et on tient régulièrement des réunions », a confié le chef du service des maladies infectieuses du CHU de Fann.
ODL/te/cgd/APA