Les journaux camerounais parus mardi ont accompagné les postulants dans les méandres de la constitution des dossiers de candidature aux élections législatives et municipales du 9 février, sans oublier de relayer la réaction du gouvernement après la récente suspension du pays de la Loi américaine sur la croissance et les opportunités de développement en Afrique (Agoa).
Après la convocation du corps électoral par le président Paul Biya, et à moins d’une semaine de la clôture du dépôt des candidatures pour le double scrutin, le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune se veut formel : pendant que les aspirants continuent de courir pour l’obtention des pièces exigées, les administrations concernées mettent tout en œuvre pour leur faciliter la tâche.
Cette image semble trompeuse pour Mutations, qui affirme avoir vu «des candidats à la candidature aux abois» dans l’opposition, où des prétendants aux postes de députés et de conseillers municipaux décrient des obstacles dans la constitution de leurs dossiers. Dénonçant des velléités d’obstruction de l’administration publique, ils décrient toutes sortent de tracasseries en vue de décourager les plus téméraires, contrairement aux postulants du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc, au pouvoir) devant qui toutes les portes s’ouvrent.
Mais dans ce parti auquel tout semble promis il se pourrait bien, selon The Guardian Post, qu’il y ait des grincements de dents sur le profil et les modalités d’investiture, lesquels tendent manifestement à disqualifier des barons. Un exemple concret est à cet effet donné par InfoMatin, qui fait état d’une lettre incendiaire envoyée au président national, Paul Biya par le président de l’Assemblée nationale, Cavaye Yeguie Djibril, qui se sent visé par la disposition visant à privilégier le critère de la jeunesse chaque fois qu’un cacique se trouvera en ballotage défavorable.
Dans l’entendement de celui qui est au perchoir depuis mars 1992, le terme «retraite parlementaire» n’est ainsi qu’un appât pour vider les rangs du Rdpc des plus précieux soutiens au régime et à celui qui l’incarne. «Une aberration, au moment où Paul Biya a, justement, besoin de femmes et d’hommes d’expérience pour conduire le septennat des ‘’grandes opportunités’’.» Et, s’il y en a qui devraient trouver leur compte, ce sont bien les femmes de ladite formation dont les candidatures, à en croire Émergence, seront privilégiées.
La même publication, autant que Le Jour et Cameroon Tribune, rendent compte du point de presse tenu la veille par le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, René Emmanuel Sadi, au sujet de la suspension du pays de l’Agoa. Selon la seconde publication citée, il s’est agi d’apporter un démenti formel aux accusations d’exactions portées contre les forces armées dans la crise sécessionniste anglophone, et d’appeler à plus de discernement de la part des autorités américaines, afin qu’elles reconsidèrent leur jugement excessif.
Le gouvernement camerounais ne peut dissimuler, traduit Le Quotidien, son étonnement face à l’absence, dans le communiqué du président des États-Unis, de la moindre allusion, sans parler de condamnation, aux atrocités innombrables et innommables perpétrées par les bandes armées de sécessionnistes dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, tant à l’encontre de des forces de défense et de sécurité que des populations innocentes, alors même que de nombreuses banques d’images et de vidéos en témoignent sans cesse.
Pour Émergence, cette sortie traduit clairement la panique du régime de Yaoundé, la sanction américaine étant une menace claire à sa stabilité.
FCEB/cat/APA