Le chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall, a plaidé, lundi à Diamniadio (27 km de Dakar), pour une articulation des actions de maintien de l’ordre au Sahel, n’écartant pas l’idée de mettre «toutes les forces présentes dans la région dans un commandement unique».
Appelant à une nécessaire évolution de l’Organisation des Nations unies pour réaliser un tel objectif, Macky Sall a précisé qu’ « Il ne s’agit pas de faire le procès de l’ONU, mais il faut qu’elle accepte de se reformer et de réformer ses procédures. Et cela n’est pas le fait du Secrétariat général, mais c’est d’abord le fait des Etats eux-mêmes et en particulier les membres permanents du Conseil de Sécurité».
Pour Macky Sall qui présidait l’ouverture de la 6ème édition du forum international de Dakar sur la paix et la sécurité, la question du mandat des missions onusiennes relève des Etats-Unis et de ses membres du Conseil de Sécurité qui « peuvent bloquer » toute initiative de déploiement d’une force d’intervention.
Insistant sur la responsabilité des cinq membres du Conseil de Sécurité dans la résolution de la crise sécuritaire au Mali et au Sahel en général, le président Macky Sall a soutenu qu’« il faut que la Russie et la Chine, (…) acceptent de donner le mandat robuste pour qu’on en finisse avec ce qui se passe » dans cette partie de l’Afrique.
Aller à l’encontre de cette approche, a estimé le chef de l’Etat, reviendrait à payer des indemnités aux soldats des pays engagés dans cette lutte et à aggraver la situation sur le terrain. « Donc, martèle-t-il, il urge vraiment qu’il y ait une réforme sur le système des opérations de maintien de la paix dans les zones où le terrorisme sévit », même si « dans d’autres zones, ce modèle (celui appliqué par l’ONU actuellement) convient parfaitement ».
Le président Macky Sall a par ailleurs souligné que « la réponse contre le terrorisme n’est pas que militaire +mais+ elle est aussi dans les stratégies préventives et durables d’ordre économique, éducationnel, social et doctrinal », arguant que « combattre le terrorisme au Sahel est à la fois un devoir de solidarité et un impératif de sécurité collective ».
Mais dans l’urgence et face à des forces terroristes armées et déterminées, il n’y a d’autres choix que d’opposer des forces militaires supérieures, mieux armées et plus déterminées, a-t-il souligné, ajoutant « les groupes terroristes vaincus ailleurs vont trouver dans les zones de vulnérabilité en Afrique des sanctuaires où ils vont prospérer, se réorganiser et poursuivre leur expansion ».
Revenant sur le thème de cette 6ème édition, Macky Sall a indiqué que « l’expérience africaine en matière de prévention, de rétablissement et de consolidation de la paix commande que le multilatéral soit davantage à l’écoute du régional ».
Sur ce point, il a été rejoint par son homologue mauritanien, Mohamed Ould Cheikh Mohamed Ahmed El-Ghazouani, qui a souligné la nécessité d’intégrer la résolution du conflit libyen dans l’approche globale de lutte contre le terrorisme au Sahel, la dégradation de la situation dans la région étant causée, selon lui, par la faillite de cet Etat en 2011.
ARD/cat/APA