L’évêque catholique du diocèse de Kumbo, localité de la région du Nord-Ouest située à quelque 450 kilomètres de la capitale camerounaise, Yaoundé, George Nkuo, a été kidnappé puis libéré samedi matin par des sécessionnistes anglophones, ont affirmé ces derniers sur les réseaux sociaux.
Revenant d’une réunion dans chef-lieu de la région, Bamenda, il a été entraîné vers un lieu inconnu par les «Bui Warriors», ayant revendiqué cet acte et qui font partie des multiples milices séparatistes regroupés autour de la république autoproclamée d’Ambazonie.
Quelques heures plus tard, et toujours sur les réseaux sociaux, un de leurs «commandants», Mark Bareta, a indiqué que «les ‘’Amba boys’’ sont d’abord et avant tout des civils et des chrétiens, qu’«ils peuvent aussi avoir une conversation avec leur évêque.» Et d’expliquer qu’en raison de la situation sécuritaire de la zone, le mode d’approche pour échanger avec l’évêque peut être différent.
«La conversation est terminée et l’évêque est à la maison. Que Dieu bénisse les combattants de l’Ambazonie», a-t-il ajouté. Sur quelques photos accompagnant leurs messages, on peut en effet apercevoir un prélat plutôt enjoué, à qui ses ravisseurs ont remis en cadeau, «après une brève», un poulet dans un panier avant de le raccompagner sur une moto à son diocèse.
«Les guerriers du Bui ont plaidé avec lui pour ouvrir l’église qu’il a fermée, et pour qu’il les bénisse. Certains disent que l’évêque a été kidnappé. Les gens aiment utiliser des mots erronés. Les guerriers du Bui sont chrétiens, le troupeau de l’évêque. Ils ont eu une conversation avec l’évêque et l’évêque a quitté la maison avec plaisir avec un cadeau des combattants de l’Ambazonie. Les pluies ont retardé son mouvement, mais les guerriers du Bui l’accompagnent à la maison», concluent les séparatistes.
Plusieurs sources locales, jointes au téléphone par APA, n’ont pas confirmé la libération du prélat. Toujours est-il que, le 15 août dernier, à l’occasion de la fête de l’Assomption, George Nkuo a, dans son sermon, a plaidé pour la reprise des cours, le 2 septembre dans les régions anglophones après trois années scolaires blanches.
Son message pourrait toutefois avoir du mal à passer auprès des combattants sécessionnistes qui, samedi, par l’entremise d’un communiqué signé d’un autre de leurs «généraux», Chris Anu, a annoncé «18 jours de verrouillage effectif» des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du 26 août au 16 septembre prochain, hormis les 2ème et 3ème week-ends de septembre.
Cet isolement de la partie anglophone du Cameroun, a-t-il expliqué, a pour but de contester la condamnation, à perpétuité en début de semaine, de 10 dirigeants sécessionnistes. Chris Anu et les siens entendent également, par la même occasion, demander des preuves de vie de tous les détenus anglophones dans les prisons du pays.
FCEB/cd/APA