La condamnation à perpétuité, la veille par le tribunal militaire de Yaoundé, la capitale, de 10 leaders sécessionnistes anglophones, est largement commentée par les journaux camerounais parus ce mercredi.
Sécession et hostilité contre la patrie sont les principaux motifs qui valent la réclusion à vie à ces hommes, extradés du Nigeria en début janvier 2018, débute Essingan. Le tribunal militaire a eu la main particulièrement lourde, pour le président autoproclamé de la république fantoche d’Ambazonie, Sisiku Ayuk Tabe et ses hommes, constate L’Indépendant.
La photo du même homme orne la couverture du quotidien à capitaux privés Le Jour, précisant que tous les condamnés disent ne pas vouloir s’associer à ce qu’ils qualifient d’injustice.
Pendant qu’Émergence reconstitue l’audience marathon et à rebondissements de plus de 15 heures, Le Messager s’interroge : «Parodie de justice ou péril sur le dialogue ?». Et d’évoquer une sentence politisée et qui, plus grave, va gravement compromettre les chances d’une assise nationale, ainsi que voulue par le pouvoir, en vue de parvenir à une paix durable dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
«Condamnation à vie de Ayuk Tabe et compagnie : peine de mort au dialogue ?» ose pour sa part Mutations, estimant également que le lourd verdict du tribunal militaire contre les leaders séparatistes semble, plus que jamais, éloigner la perspective de paix dans cette partie meurtrie du pays.
«L’audience d’hier était comme un match de football. C’était en somme un semblant de procès. Je peux le dire sans détour. Vous ne pouvez pas vous imaginer qu’un juge ait ce genre de courage, de condamner des gens à vie sans écouter un avocat. Nous n’avons jamais suivi ça ! Vous voyez un juge qui se comporte comme s’il avait un cahier de charges», témoigne dans ladite publication un des avocats des sécessionnistes, Amungwa Tanyi Nicodemous.
«Nous n’avons rien appris et rien oublié», soupire The Guardian Post : la condamnation à perpétuité d’Ayuk Tabe et de ses lieutenants réduit à néant l’espoir d’un dialogue inclusif. Du coup, renchérit News Watch, l’avenir s’assombrit de nouveau non seulement pour la rentrée scolaire dans les régions, mais surtout pour la grande palabre, du moment qu’une partie des acteurs majeurs de la crise anglophone sont embastillés à vie.
Le Pélican ne voit pas les choses sous le même angle et «exulte», la sentence du tribunal ayant, selon l’hebdomadaire, soulagé le pays d’une bande d’aventuriers ayant, depuis octobre 2016, pris en otage un partie de la communauté nationale.
Et, alors que leur sort semble désormais scellé et que l’éventualité de la saisine de la cour d’appel n’est pas à écarter, InfoMatin n’écarte pas la piste de la grâce présidentielle en faveur desdits sécessionnistes : déjà, selon des sources introduites du journal, la machine des tractations de coulisses s’est aussitôt mise en place, du côté des défenseurs des activistes anglophones, aux fins de solliciter une mesure de grâce de Paul Biya, la seule voie qui, pour le moment, pourrait permettre aux condamnés de recouvrer la liberté.
FCEB/cat/APA