Les journaux camerounais parus mercredi proposent un éventail de sujets allant de la politique à l’économie, en passant par les faits sociaux.
Les photos de l’ex-Premier ministre Éphraïm Inoni, de l’ancien ministre de la Santé Urbain Olanguena Awono, et du ci-devant président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) Mohammed Iya, s’affichent en couverture des quotidiens à capitaux privés Émergence et Mutations : «prisonniers de luxe» incarcérés dans le pénitencier de Yaoundé-Kondengui, la capitale pour détournement de deniers publics, ils traînent en justice 46 autres détenus qu’ils accusent de «rébellion en groupe, tentative d’évasion en coaction, destruction, vol en coaction et blessures légères».
L’action judiciaire de ces trois personnalités en disgrâce, expliquent les deux publications, vise des sécessionnistes anglophones ainsi que des militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC, opposition) présentés comme les instigateurs de la mutinerie du 22 juillet dernier, au cours de laquelle plusieurs détenus «VIP» avaient été agressés physiquement.
La justice sera implacable à l’endroit des émeutiers de Kondengui, mais aussi de Buea (Sud-Ouest), prolonge Essingan, plantant également le décor d’un inévitable réquisitoire contre le ministère de la Justice et la magistrature, en général, dont le laxisme et les lenteurs constituent la trame des mouvements insurrectionnels des 22 et 24 juillet 2019.
Dans sa chronique quotidienne de la crise sécessionniste anglophone et de ses répercussions, The Guardian Post se penche sur un curieux phénomène s’agissant du Front social démocratique (SDF), le premier parti de l’opposition dont le fief se trouve dans le chef-lieu du Nord-Ouest, Bamenda.
Depuis 2018 en effet, lorsque le conflit armé dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest s’est aggravé, cette formation, constate le journal, a délocalisé ses réunions du bureau exécutif qui se tiennent traditionnellement à la résidence de son leader, John Fru Ndi, pour d’autres localités en zone francophone.
Pendant ce temps, InfoMatin relaie l’initiative des chefs traditionnels du pays qui, le 4 août dernier dans la métropole économique, Douala, ont engagé une caravane de la paix, qui doit parcourir toutes les régions du pays.
Une autre initiative, s’agissant spécifiquement de la crise séparatiste et que relaie Le Jour, vient de la société civile à travers le réseau Dynamique citoyenne qui, face au refus du pouvoir d’ouvrir un dialogue national inclusif demande la constitution d’un gouvernement de transition essentiellement dédié à la question.
Au créneau également, la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme qui, rapporte le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, vient de lancer une vaste campagne sur l’unité dans la diversité.
«Il était temps», se réjouit la publication, au moment où les théoriciens de l’ethnocentrisme envahissent les réseaux sociaux et les médias classiques. «Peut-être faudra-t-il aller plus loin en légiférant pour criminaliser ce qui est décrié. L’enjeu étant d’endiguer la malheureuse spirale enclenchée.»
Le fond de la scène politique reste décidément brumeux, à s’en tenir à la principale manche de Repères qui évoque la fin d’un long compagnonnage entre le chef de l’État Paul Biya et le président de l’Assemblée nationale, Cavaye Yeguie Djibril, que le premier cité semble avoir mis en quarantaine.
«Depuis près de deux ans déjà, Cavaye Yeguie Djibril n’a plus été reçu par Paul Biya. D’après son entourage immédiat, le PAN a même, à plusieurs reprises, tenté de rencontrer celui qu’il appelle obséquieusement ‘’patron’’. En vain. Pour parler à Paul Biya, Cavaye Yeguie Djibril doit désormais se contenter des entrevues que le président de la République accorde toujours à ses proches collaborateurs au départ ou au retour d’un voyage à l’étranger. Et comme Paul Biya n’a pas beaucoup voyagé ces derniers temps, c’est dire que le PAN est quasiment coupé de son mentor.»
Et voici un autre paradoxe bien camerounais, que souligne le bihebdomadaire : alors que les importations de riz ont englouti 508,5 milliards FCfa entre 2015 et 2017, 160.000 tonnes de cette denrée, produites localement, moisissent dans les magasins de la Société d’expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua (Semry), dans la région de l’Extrême-Nord.
En chœur avec Le Quotidien de l’Économie, repère passe également en revue la programmation budgétaire et de performance associée de l’État entre 2020 et 2022, où la priorité sera accordée aux secteurs productifs : durant les trois prochaines années, le gouvernement compte affecter davantage de ressources financières aux projets à forte valeur ajoutée.
FCEB/cat/APA