La convocation pour vendredi prochain, par le secrétaire général des services du Premier ministre camerounais, Séraphin Magloire Fouda, de 744 personnes victimes de l’accident ferroviaire du 21 octobre 2016 à Eséka (Centre), relance la polémique autour du nombre de personnes décédées ou rescapées de ce drame.
En effet, selon les conclusions du rapport gouvernemental publié en mai 2017, ce sinistre a fait officiellement 79 morts et 600 blessés, un chiffre inférieur à celui des morts, estropiés ou ayants-droit à qui il est demandé de fournir différentes pièces justificatives notamment la carte nationale d’identité et le jugement d’hérédité.
En juin dernier le ministre des Transports, Jean Ernest Massena Ngallè Bibehe, s’exprimant devant l’Assemblée nationale au sujet du processus d’indemnisation conduit par le concessionnaire Cameroon Railway (Camrail) et ses assureurs, avait affirmé que 801 victimes blessées (sur les 803 enregistrées), ont été définitivement indemnisées, soit un taux de 99%.
Dans la foulée, il indiquait que 66 dossiers des personnes décédées, sur les 72 ayants-droit qui avaient introduit des dossiers, ont donné lieu à des accords ou à des règlements définitifs, soit un taux de 92%.
Il a par ailleurs précisé que le président de la République avait décidé, entre autres mesures, d’accorder une assistance financière aux victimes d’un montant de 1 milliard FCfa. Cette dotation a permis d’apporter une assistance financière aux familles des personnes décédées, soit un total de 66 familles sur les 80 répertoriées, les autres n’ayant pas introduit de dossiers.
Concernant les blessés, il a assuré que les diligences sont encore en cours pour le paiement de leur assistance financière.
Le rapport gouvernemental avait attribué ce drame à une vitesse excessive du train InterCity 152, soit 96 kilomètres/heure, dans une portion de voie où la vitesse est fortement limitée à 40 kilomètres/heure. De fait l’entière responsabilité de l’accident était imputée au transporteur, dont le groupe français Bolloré est actionnaire à 80%.
Le 26 septembre 2018, le tribunal de première instance d’Eséka a ainsi, «pour homicide, blessures involontaires et activités dangereuses», condamné Camrail à payer 50 millions FCfa d’indemnisations aux victimes et son directeur général au moment des faits, Didier Vandenbon, à 300.000 francs d’amende, le manager écopant par ailleurs de 6 mois d’emprisonnement, en même temps que 11 de ses collaborateurs étaient condamnés à des peines allant de 3 à 5 mois de prison.
La filiale du groupe Bolloré s’est insurgée «contre cette décision » au motif qu’elle a été « prise en l’absence de toute expertise qualifiée et compétente qui devait permettre d’établir de manière objective les véritables causes de ce tragique accident et de les circonscrire définitivement afin de sécuriser davantage le chemin de fer camerounais».
FCEB/cat/APA