Les journaux camerounais parus jeudi dégoulinent d’angoisse, au triple plan sécuritaire, politique et économique.
Il y a comme un vent de psychose chez Le Jour et Mutations, au sujet d’une violente explosion survenue dans la nuit de mardi à mercredi dans un site commerçant de la capitale, Yaoundé, derrière laquelle beaucoup ont cru voir un attentat terroriste.
Les deux publications, avec force détails, relatent les scènes de panique de la population, la mobilisation des forces de sécurité ainsi que la police scientifique. Vérification faite, il ne s’agissait point d’une bombe, mais de l’explosion d’une friteuse dans un commerce ayant fait quelques blessés et des dégâts matériels assez importants.
Au-delà d’un incident accidentel, prolonge L’Anecdote, une fouille des lieux a permis de mettre la main sur une grenade encore goupillée, sans qu’on sache comment un tel engin a pu se retrouver dans cette zone à forte densité humaine.
Dix jours plus loin, Le Jour revisite l’onde de choc de la mutinerie de la prison centrale de la même ville, dont le bilan est loin d’être consolidé. Mais les suites de l’émeute ont aussi pris les allures de polémique, quant au traitement jugé dégradant infligé aux détenus arrêtés et exfiltrés de la prison, soit 117 personnes dont les familles et les avocats restent sans nouvelles à ce jour.
Les mauvaises conditions de vie dans les prisons et l’absence d’espaces de divertissement, à l’intérieur de certains centres de détention, sont entre autres raisons qui poussent les prisonniers à se révolter ou à tenter de s’évader, explique Défis Actuels, dénonçant par ailleurs ce mauvais réflexe des magistrats du pays à envoyer à tout prix des gens derrière les barreaux ceux qui sont sous le coup de poursuites judiciaires.
Un autre phénomène, tout aussi préoccupant et auquel le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune consacre un dossier, c’est le trafic de carburant frelaté à ciel ouvert à Yaoundé, un produit à la qualité douteuse, mais qui pourtant s’est constitué une clientèle fidèle.
Du carburant, InfoMatin en fait sa principale manchette à propos du grave incendie intervenu en fin mai dernier dans les installations de la Société nationale de raffinage (Sonara) à Limbe (Sud-Ouest). Et la publication de révéler, selon les conclusions ayant fuité du rapport d’enquête commanditée par le gouvernement, que le feu est parti d’une turbine défectueuse et sans pièce de rechange, que des techniciens venaient de colmater.
C’est un module hors d’usage, d’un four de distillation, qui a déclenché le grave incendie, confirme Aurore Plus : la qualité défectueuse de la pièce bricolée a ainsi cédé et provoqué l’explosion, dont les dégâts sont aujourd’hui encore difficiles à évaluer.
Et de pointer le manque de planification de la hiérarchie de l’entreprise, qui jusqu’à présent a juste livré quelques responsables de second rôle aux enquêteurs : «La Sonara, non couverte par la moindre police d’assurance au moment de l’incendie, va devoir – comprendre le contribuable camerounais – cotiser pour la remise à neuf de l’usine de Limbe, évaluée à 700 milliards de francs par les spécialistes les plus optimistes.»
Et c’est, malheureusement, à ce scénario que l’on s’achemine, son directeur général, pour des raisons que l’on ignore, ayant décidé de confisquer les résultats de l’appel d’offres national ouvert pour le renouvellement du programme triennal (2019-2020-2021) d’assurances, lancé en procédure d’urgence 1er avril et dont le dépouillement des offres est intervenu le 19 suivant, dénonce Aurore Plus.
Dressant pour sa part le bilan de la phase l du concept «Vision 2035», lancé en 2009 par le gouvernement à travers le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce), un concept ambitionnant de faire du Cameroun «un pays émergent, démocratique et uni dans sa diversité», EcoMatin ne semble pas très emballé par le «bilan mitigé», alors que le programme arrive à terme dès le 31 décembre 2019.
Et de citer quelques agrégats économiques endogènes et exogènes ayant plombé ce crucial processus : la conjoncture macro-économique internationale, l’insécurité dans l’Extrême-Nord, la crise sécessionniste dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, l’inflation, l’accroissement de la population ainsi que le poids de l’informel.
FCEB/cat/APA