Le dossier de l’arrimage raté du Cameroun à la Télévision numérique terrestre (TNT), sur fond de détournements massifs de deniers publics, fait actuellement l’objet d’enquêtes laborieuses au Tribunal criminel spécial (TCS) et met aux prises plusieurs membres du gouvernement, a appris APA lundi de sources proches du dossier.
Les principaux acteurs de l’affaire sont l’ex-ministre de la Communication (Mincom), Issa Tchiroma Bakary aujourd’hui à l’Emploi et à la Formation professionnelle (Minefop), l’ancien secrétaire général des services du Premier ministre, Louis Paul Motaze désormais aux Finances (Minfi) et François Wakata Bolvine, ci-devant conseiller du Premier ministre et jadis coordonnateur de l’unité technique opérationnelle du Cameroon Digital Television (Cam-Dtv). Depuis le 4 janvier 2019, ce dernier est ministre délégué à la présidence chargé des Relations avec les Assemblées.
Le corps des officiers de police judiciaire du TCS, sur la base d’une dénonciation d’un ancien ingénieur hors-échelle des travaux des télécommunications, Godfroid Ondoa Ella, cherche à comprendre le niveau de responsabilités de ces personnalités, et de bien d’autres, dans l’attribution du marché au chinois StarTime au détriment de son compatriote Huawei.
L’offre financière du premier cité, de l’ordre de 224 milliards FCfa, était de 179 milliards FCfa supérieure à celle de son concurrent. À en croire le dénonciateur, l’État camerounais a finalement déboursé une somme de 110 milliards FCfa dans l’affaire pour la construction et la réhabilitation de centres de diffusion.
Dans les premiers rôles, l’ancien Mincom Issa Tchiroma Bakary et Louis Paul Motaze, alors président du Cam-Dtvavaient, ont, à distance, engagé une bataille épique pour le contrôle du basculement numérique appelé à entrer en vigueur dès le 17 juin 2015 à minuit.
Entre-temps, StarTime avait, à titre de tests, livré quelque 300 décodeurs au Cameroun que se sont partagés quelques privilégiés alors que lesdits accessoires, que le gouvernement annonçait à un prix subventionné, devaient être rapidement mis à la disposition du grand public.
Selon un haut cadre du Mincom interrogé par APA, le basculement au numérique, même s’il n’est pas perceptible par le commun des consommateurs, a bien eu lieu au Cameroun en 2015 à partir de deux centres de diffusion de la télévision publique (CRTV) situés dans la capitale, Yaoundé-Mbankolo et la métropole économique, Douala-Logbessou.
Et de préciser que tout le projet, sous financement chinois, coûte 110 milliards FCfa dont 38 milliards FCfa réservés à diffusion TV et radio, les suites du projet, concernant surtout la mise en place du financement par Eximbank of China, étant en cours de négociation.
FCEB/cat/APA