Le Sénégal et l’Ouganda se livreront ce vendredi après-midi, lors des huitièmes de finale de la Coupe d’Afrique des Nations, une bataille sans merci et sous le regard, depuis le banc de touche, de leurs coachs, considérés comme les deux plus jeunes techniciens de la compétition.
Pour avoir effectué un parcours diamétralement opposé, ils ne brûlent pas moins de la même ambition : se faire un nom sur le continent.
La trajectoire d’Aliou Cissé épouse celle de bon nombre de footballeurs professionnels qui, après leur carrière, sont devenus entraîneurs. Le technicien de 43 ans prend les rênes de l’équipe nationale du Sénégal en mars 2015, suite au limogeage du Français Alain Giresse qui n’a pu qualifier les Lions au second tour de la Can disputée la même année au Gabon.
Avant les A, le natif de Ziguinchor (480 km au sud de Dakar) répète ses gammes avec les Olympiques en étant l’adjoint d’Abdou Karim Séga Diouf. Aux Jeux Olympiques de Londres en 2012, l’aventure de cette sélection, composée entre autres de Sadio Mané, Cheikhou Kouyaté ou encore Moussa Konaté, s’arrête en quarts de finale contre le Mexique (4-2 après prolongations).
L’ancien milieu défensif du Paris Saint-Germain (Ligue 1 française) prend ainsi goût à la compétition. L’année d’après, il s’émancipe en dirigeant l’équipe nationale des moins de 20 ans aux Jeux de la Francophonie à Nice (France). Les Lionceaux du coach aux dreadlocks décrochent même une médaille de bronze.
Pendant ce temps, Sébastien Desabre, le coach ougandais, parcourt l’Afrique via un long itinéraire. Né le 2 août 1976 à Valence (France), il entame sa carrière à l’Entente Sportive de Cannet-Rocheville en CFA 2. Après six années de pratique du métier, Desabre a des envies d’ailleurs et décide de relever le défi que lui propose l’ASEC Mimosas (Côte d’Ivoire).
« J’avais mes diplômes et je souhaitais un nouveau challenge. J’ai toujours rêvé d’être un entraîneur professionnel. Malheureusement, en France, quand tu n’es pas un ancien joueur, il faut faire ses armes ailleurs », regrette Sébastien.
En une décennie à peine, Desabre roule sa bosse au Coton Sport de Garoua (Cameroun), à l’Espérance Sportive de Tunis (Tunisie), à la Recreativo Libolo (Angola), à la Jeunesse Sportive Saoura (Algérie), au Wydad Athletic Club de Casablanca (Maroc) et à Ismaily (Egypte).
Il impose sa marque dans ces différents pays et se construit un palmarès forçant le respect : vainqueur de la Coupe de Côte d’Ivoire (2011), champion du Cameroun (2013), champion de Tunisie (2014), champion d’Angola (2015) et champion du Maroc (2017).
Après plus de 250 matchs en Afrique, Desabre s’engage avec l’Ouganda le 28 décembre 2017 en remplacement du Serbe Micho Sredojevic. « Je travaille depuis de longues années en Afrique et je connais ce football. Je suis prêt à servir l’Ouganda », promet-il dès sa prise de fonction.
Un mois plus tard, celui qui s’inspire énormément du stratège Christian Gourcuff, effectue ses grands débuts avec les Cranes (Grues en français) lors du Championnat d’Afrique des nations (Chan) réservé aux joueurs africains évoluant sur le continent.
Pour autant, Desabre ne réalise pas de miracle. L’Ouganda est éliminé dès le premier tour de cette joute organisée au Maroc après deux défaites face à la Zambie (3-1) et à la Namibie (0-1) et un match nul contre la Côte d’Ivoire (0-0).
Cissé et Desabre se ressemblent dans l’importance toute particulière qu’ils accordent à la solidité de leur défense. Loin d’être des figures de proue du football champagne, ils ont les arrière-gardes les plus hermétiques du continent.
« Durant les Eliminatoires de la Can 2019, l’Ouganda est la seule équipe à ne pas avoir pris de buts. Nous sommes, avec le Sénégal, les deux sélections à ne pas avoir perdu », se félicite Sébastien.
Plus jeune entraîneur (42 ans) de la 32ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations, le Français a une préférence pour le 4-4-2 qu’il a déjà utilisé lors de deux rencontres : victoire contre la République Démocratique du Congo (2-0, 1ère journée) et défaite face à l’Egypte (0-2, 3ème journée).
De son côté, Aliou Cissé a jeté son dévolu, depuis le début de la Can, sur le 4-3-3 qui lui a permis d’engranger six points sur neuf possibles en phase de groupes. Depuis sa nomination à la tête de l’équipe nationale, le capitaine de la génération 2002 (finaliste de la Can et quart de finaliste du Mondial) n’a perdu que deux matchs officiels face à la Colombie (1-0) à la Coupe du monde 2018 et contre l’Algérie (0-1) à la Can 2019.
La rigueur des deux coachs autorise à penser que le huitième de finale entre leurs poulains s’annonce âpre. Si le Sénégal a la faveur des pronostics, il n’en demeure pas moins qu’il a toujours eu d’énormes soucis pour venir à bout de l’Ouganda. En effet, les deux formations se sont déjà croisées à trois reprises pour deux nuls et une courte victoire pour le Sénégal. Leur dernière confrontation qui date du 6 juin 2017, s’était d’ailleurs soldée par un nul vierge.
« Nous savons que c’est une équipe très costaude. Sur ces dernières années, c’est elle qui a le moins perdu à domicile. L’Ouganda a gardé sa culture africaine. Il faut absolument respecter cette équipe. Il n’y a pas de calcul à faire et on sait ce qu’on doit faire », soutient Aliou Cissé.
A coup sûr, les Lions devront avoir des crocs acérés face à des Cranes décomplexés. « Nous voulons rester le plus longtemps dans cette Can. Le fait d’affronter le Sénégal nous donne la chance de jouer une autre équipe solide. Dans un bon jour, nous sommes capables de battre n’importe qui », avertit Desabre.
Le huitième de finale entre le Sénégal et l’Ouganda est prévu ce vendredi au Stade international du Caire à 19 heures GMT. La sélection qui sortira vainqueur de ce duel épique croisera le gagnant du match entre le Maroc et le Bénin qui s’affronteront avant le choc Cissé-Desabre.
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