Plusieurs organisations de la société civile ivoirienne, réunies vendredi à la Maison de la presse à Abidjan, ont crée la Plateforme anti-corruption (PAC), une entité visant à adresser les questions sur la transparence et l’inclusion dans la gestion des affaires publiques.
Comme plaidoyer, la société civile demande « la signature par le président de la République du décret d’application de la loi sur la protection des dénonciateurs, des victimes, des témoins, des experts et de leurs familles », a dit le point focal du Comité Ad hoc de la PAC, Dr Christophe Kouamé.
Il s’est félicité de ce que le gouvernement ivoirien a fait de la lutte contre la corruption une préoccupation majeure en ratifiant en 2012 la Convention des Nations-Unies sur ce fléau, qui constitue le principal obstacle au développement économique, social et culturel des pays dans le monde.
L’Etat de Côte d’Ivoire, a, à travers des réformes juridiques et institutionnelles, mis en place la Haute autorité pour la bonne gouvernance, la Cour des comptes ainsi qu’un pôle pénal chargé de la lutte contre la corruption, le blanchiment d’argent et la criminalité financière.
Mais, en dépit de ces efforts du gouvernement ivoirien, « il y a une perception des populations qui ne changent pas » sur la corruption. C’est pourquoi les organisations de la société civile souhaitent une sensibilisation plus soutenue des populations, a fait observer Dr Christophe Kouamé.
« Cette plateforme (anti-corruption) ne fonctionne qu’avec la signature, au plus haut niveau de l’organisation. Le président est le seul habilité à signer (les actes) parce que les questions que nous allons adresser sont des questions très très dangereuses », a-t-il indiqué.
Intervenant à une conférence inaugurale consacrant la création de la Plateforme de lutte contre la corruption, Bakary Traoré, expert en bonne gouvernance a souligné que la lutte contre la corruption n’est pas possible sans un référentiel de lutte contre ce phénomène.
En Côte d’Ivoire, l’on enregistre des textes permettant d’adresser la problématique de la corruption de façon efficace. Une ordonnance prise en 2013 définit d’ailleurs les différentes infractions, notamment ce qui est incriminé et ce qui ne l’est pas, avec les sanctions applicables.
M. Traoré, directeur de Cabinet du président de la Haute autorité pour la bonne gouvernance, a ajouté que « sans infrastructures appropriées », faisant allusion aux institutions et organisations, on ne peut pas lutter contre la corruption. Les textes, c’est bien beau, mais il faut les moyens, des hommes compétents et l’utilisation du numérique.
Aujourd’hui, poursuivra-t-il, les défis à relever sont entre autres, la formation des acteurs, l’évaluation permettant de mesurer les progrès réalisés chaque année par les administrations et les entreprises. Et mieux, récompenser ceux qui font des progrès importants.
Dans le secteur public comme le privé, les dirigeants intègrent dans les contrats des clauses anti-corruption. Pour lui, il faut encadrer les marges de liberté dans la gestion avec le Code de conduite, un outil essentiel de lutte contre la corruption et de promotion de l’éthique.
Quelque 20 à 25 organisations de la société civile étaient présentes à cette Assemblée constituante. Selon les textes du PAC chaque président d’ONG représentée devait « donner son accord sur le fait que ses statuts et règlements intérieurs rentrent dans la vision » de son organisation.
Pour appartenir à la plateforme de lutte contre la corruption, il est demandé aux organisations de la société civile d’établir un rapport d’activité sur la période 2017-2018, de fournir une copie de la déclaration de dépôt de l’ONG, une copie de récépissé et l’inscription au journal officiel.
AP/ls/APA