Le discours, la veille face au corps diplomatique accrédité à Yaoundé au sujet de la crise sécessionniste anglophone, du ministre des Relations extérieures (Minrex), Lejeune Mbella Mbella, retient l’attention des journaux camerounais parus mercredi.
Le Cameroun, qui occupe une place stratégique dans le Golfe de Guinée en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, la gestion des flux des réfugiés, le transport maritime et l’équilibre économique, fait face à des actes criminels et de déstabilisation, perpétrés par des groupes sécessionnistes utilisant des méthodes terroristes ayant causé de nombreuses pertes en vies humaines, des réfugiés et des déplacés internes, ainsi que d’importants dégâts matériels et la destruction du tissu économique des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, a expliqué le membre du gouvernement, traduit par le bihebdomadaire Repères.
A la lumière des dernières évolutions sur le terrain, il apparaît clairement que les revendications sécessionnistes ont cédé le pas aux actes criminels et de banditisme, avec enlèvements et demandes de rançon. Et les missions régaliennes du gouvernement, qui a besoin du soutien de la communauté internationale dans cette croisade, consistent à restaurer l’ordre, préserver de l’intégrité territoriale et protéger les biens et les personnes, et les forces de défense et de sécurité ont pour cette cause été mobilisées et déployées sur le terrain.
Face à toutes ces menaces, prolonge Le Jour, la position du gouvernement reste inchangée, la déclaration d’hier ayant toutefois la particularité de réaffirmer le message adressé au monde : le Cameroun est déterminé à résoudre lui-même ses problèmes et n’accepte aucune ingérence dans ses affaires intérieures, il attend plutôt de ses partenaires un appui dans ce sens.
«Le gouvernement à ses partenaires étrangers : accompagnement, oui, ingérence, non !» reprend le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune : le pays attend de ses amis aucune immixtion dans ses affaires intérieures.
Pour InfoMatin, la situation dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, bien que préoccupante au plan intérieur, n’est pas de nature à menacer la paix et la sécurité internationales, le gouvernement poursuivant inlassablement ses efforts pour une solution camerouno-camerounaise, mais ayant également besoin du soutien de ses partenaires pour l’accompagner dans la voie de l’apaisement, de la préservation de son unité et de son intégrité territoriale, notamment par l’assèchement des sources de financement des sécessionnistes.
C’est que, analyse Le Jour, le gouvernement doit gagner la guerre de la communication, une rencontre comme celle de mardi permettant aux autorités de donner leur version des faits, et, surtout, à travers des images chocs, de démontrer les atrocités attribuées aux bandes armées dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, sans oublier l’action humanitaire des forces de défense et de sécurité qui apportent soins et réconfort aux populations sinistrées.
La preuve que les pouvoirs publics poursuivent ces efforts en vue du retour à la paix a été donnée par le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, lors de sa récente mission dans ces localités, le bilan de cette politique de proximité avec les forces vives et la ferveur manifestée lors de ces rencontres, étant une illustration de la soif des populations pour un retour à la paix et à la sérénité.
Cette histoire de dialogue a des allures de serpent de mer, tacle Mutations : alors même que se prolonge l’impasse, sur le terrain, les violences, elles, n’attendent pas qui se poursuivent à un rythme effréné au point qu’on en vient à se demander si la mission du chef du gouvernement dans les deux régions anglophones, quelques jours seulement avant la réunion informelle du 13 mai au Conseil de sécurité des Nations Unies consacrée à la situation humanitaire dans ces régions, n’était pas un écran de fumée destiné à entretenir l’illusion de la recherche d’un dialogue véritable.
Tout se passe, surtout, comme si le pouvoir de Yaoundé se contentait juste de montrer que cette crise peut encore être résolue en interne, sans l’intervention de la communauté internationale qui est montée d’un cran, dans sa pression sur le Cameroun et qui garde les yeux braqués sur le pays.
Cette offensive diplomatique du gouvernement, fait observer Repères, semble reléguer au second plan un autre drame, celui d’une compagnie aérienne nationale mort-née et qui, depuis lundi soir, a une nouvelle direction générale, la 7èmeen 11 ans, un véritable «déshonneur national».
Les preuves d’un pilotage à vue du propriétaire, qu’est l’État, sont innombrables : à peine née, Camair-Co, vite surnommée «Air peut-être» à cause des multiples retards et annulations de vols, était déjà soumise à l’application de deux plans de redressement.
Il se pourrait bien, insiste la publication, que le cadeau empoisonné attribué à la nouvelle équipe conduise la compagnie à son ultime crash, à moins que l’État actionnaire accepte de restructurer en profondeur l’«étoile» désormais pâle du Cameroun.
Cette option n’est pas exclue, répond en écho l’hebdomadaire régional L’œil du Sahel, qui révèle que le gouvernement s’apprête à injecter 6 milliards FCFA à Camair-Co, une entreprise en manque d’avions et croulant sous une dette abyssale.
FCEB/cat/APA