Le directeur de Cabinet adjoint du ministère ivoirien de l’Environnement et du développement durable, Mme Kaba Nasseré, a annoncé lundi à Abidjan la création d’une Agence nationale sur les changements climatiques.
Mme Kaba, s’exprimait à l’occasion des Journées sur le changement climatique et la croissance verte, organisées au siège de la Banque africaine de développement (BAD), à Abidjan. Elle représentait le ministre de l’Environnement et du développement durable, Pr Joseph Séka Séka,
« Des consultations sont en cours pour l’adoption d’une loi sur les changements climatiques, la création d’une Commission sur les changements climatiques et la création d’une agence nationale sur les changements climatiques (ainsi que) la mise en place d’un fonds national », a indiqué Mme Kaba.
Les changements climatiques sont une réalité en Côte d’Ivoire, où quasiment chaque année, des inondations et des glissements de terrains consécutifs à de fortes pluies conduisent à d’importantes pertes en vies humaines et des dégâts matériels.
L’érosion côtière, de plus en plus prononcée sur le littoral, entraîne également des dégâts matériels de plus en plus importants. Déjà, en 1973, la ville côtière de Grand-Lahou (Sud) a dû être relocalisée à la suite de la montée du niveau de la mer.
En outre, le village de Lahou-Gbanda, proche de celui de Grand-Lahou, « est en train de disparaître », a fait savoir Mme Kaba, qui a relevé qu’ « à l’instar de Grand-Lahou, la ville historique de Grand-Bassam, classée patrimoine culturel de l’Unesco, est elle aussi menacée ».
Selon un rapport de la Banque mondiale publié en juillet 2018, la Côte d’Ivoire pourrait connaître une hausse de température de 2 degrés Celsius en moyenne pour l’ensemble du pays avec un pique qui devrait dépasser 3,5 degrés Celsius, soutenu par des températures plus élevées au Nord.
En outre, le pays devrait faire face à une variation de la précipitation allant jusqu’à une baisse de 9 pour cent, toute chose qui devrait influer sur les saisons agricoles. Quant au niveau de la mer, les prévisions tablent à court terme sur une élévation de 30 cm le long des côtes ivoiriennes.
Les changements climatiques pourraient au regard de ces données prévisionnelles faire baisser le PIB de l’ensemble du continent de 2 à 4 pour cent à l’horizon 2040. Dans ce scénario, la Côte d’Ivoire pourrait enregistrer « des pertes entre 380 et 770 milliards Fcfa ».
L’Afrique, bien qu’elle produit le moins de gaz à effet de serre, avec une contribution des émissions de gaz à effet de serre d’à peine 4 pour cent et une population estimée à 15 pour cent de la population mondiale, est le continent le plus exposé aux effets néfastes du changement climatique.
Et ce, du fait de sa vulnérabilité élevée, de ses faibles capacités d’adaptation et du manque de financement adéquat pour relever les défis. Dans ce contexte, les participants à ces journées ont appelé à la mise en place de structures en charge du climat aux fins d’informer les populations.
Ils ont souhaité qu’il y ait des mesures urgentes pour réduire le réchauffement climatique en dessous du seuil de 2 degré Celsius avec des efforts accrus pour parvenir au seuil de 1,5 degré Celsius, faute de quoi la planète court à la catastrophe et surtout l’Afrique.
La Banque africaine de développement, initiatrice de ces journées, qui ont regroupé des acteurs de la société civile, l’Union européenne et des guichets de financement des changements climatiques tel l’Agence française de développement, s’est engagée à soutenir davantage les projets en matière de résilience sur les questions de changements climatiques.
AP/ls/APA