La condition du travailleur, dans un environnement économique et politique difficile, revient dans les colonnes de plusieurs journaux camerounais parus jeudi, au même titre que la grogne des chefs traditionnels du Sud-Ouest anglophone contre le gouverneur de leur région.
Comment réussit-on à vivre avec 36.270 FCFA de revenus mensuels ? Telle est la grave question que Le Jour soumet au débat, au lendemain de la 133ème édition de la Fête internationale du travail. Ce montant, explique la publication, représente en effet le salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) du pays, autant dire une misère, permettant à peine d’assurer le loyer d’une modeste chambre, la facture d’eau et d’électricité pour recommencer le cycle de la précarité.
L’humour aide certains à vivre face aux difficultés du quotidien, constate la publication, dans un contexte marqué par une vie de plus en plus chère et un pouvoir d’achat qui rétrécit au fil des années, et où tomber malade est quasiment synonyme de mort assurée.
Le travail ne nourrit pas son homme dans ce pays, constate également Mutations, reconnaissant toute de même quelques améliorations de pensions notées ces dernières années à l’instar du relèvement des pensions de vieillesse, de la hausse des pensions familiales ainsi que de la hausse du Smig, qui jusqu’en 2014 était de 28.215 FCFA.
Et parmi les catégories considérées comme les plus à plaindre au Cameroun, Émergencecite les employés de maisons, véritables bêtes de somme dont le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Grégoire Owona, plaide la cause.
Dans les colonnes de Défis Actuels le même chef de département fait l’état des lieux du domaine dont il a la charge et énonce les perspectives, dont le leitmotiv consiste à renforcer le cadre juridique dédié à la santé et la sécurité au travail.
Pendant ce temps, The Guardian Post, présentant les grandes lignes d’un rapport sur le sujet, note que les décès liés au travail sont en hausse au Cameroun, les domaines les plus touchés étant, selon Le Financier d’Afrique, le bâtiment et travaux publics (BTP) et les transports.
D’où sans doute cet engagement des pouvoirs publics, des salariés et des syndicats, réitéré la veille et que traduit le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune en grande manchette par ce titre : «1er mai 2019 : mobilisation pour le travail décent».
«Le travail décent étant une affaire de tous, le gouvernement est plus que jamais déterminé à contribuer à l’amélioration de la situation professionnelle des travailleurs.»
Le 1er mai 2019 était la fête du Travail «in-décent», tacle L’Actualité, qui pour sa part a recensé les mouvements d’humeur et les menaces de grèves à travers le Cameroun.
En matière d’intégration socioprofessionnelle, Le Quotidien de l’Économie a choisi de se pencher sur ce qu’il considère comme le calvaire des stagiaires, ces jeunes en quête de titularisation et dont le menu quotidien est l’arbitraire, eux qui souvent sont taillables et corvéables, occupent parfois des postes de responsabilité pendant des années sans le moindre contrat de travail, avec le fort risque d’être mis à la porte sans préavis ni droit à la moindre incartade.
Le gros problème, explique Mutations, c’est que la notion de dialogue social n’est qu’une vue de l’esprit dans le pays, tant persistent les points d’achoppements entre le gouvernement et ses partenaires sociaux.
Sur un autre plan, Le Jour annonce que le Hadj coûtera plus cher cette année aux fidèles musulmans, évoquant une augmentation des tarifs pour le voyage sur les Lieux saints de l’ordre de 287.000 FCFA par rapport à 2018, une mesure gouvernementale que dénoncent déjà les associations islamiques.
«Le Cameroun pratique le prix du Hadj le plus cher en Afrique, dénonce un candidat au voyage cité par la publication. C’est une honte, pour un gouvernement qui veut s’enrichir sur le dos de son peuple. La Commission nationale du Hadj est devenue une institution commerciale. C’est décevant.»
Et les fidèles musulmans ne semblent pas au bout des mauvaises surprises, si l’on en croit Forum Libre qui annonce une pénurie, combinée à une hausse vertigineuse des prix du sucre à l’échelle nationale, à quelques jours du début de la période de ramadan.
Pourtant, soupire Défis Actuels, la Société sucrière du Cameroun (Sosucam) a récemment effectué d’importants investissements pour garantir une autosuffisance de cette denrée sur le marché national pour les années à venir.
Le sucre n’est pas le seul secteur qui connaît une inflation, complète Émergence, révélant que le gouvernement s’apprête à procéder à une augmentation générale des prix des produits de première nécessité
Et revoici l’interminable conflit sécessionniste anglophone qui revient hanter les colonnes du même quotidien à capitaux privés, qui se fait l’écho du coup de sang des chefs traditionnels du Sud-Ouest vis-à-vis du gouverneur de la région, Bernard Okalia Bilaï.
À l’origine de leur colère, une instruction de l’autorité administrative les contraignant, sous peine de destitution, de mobiliser leurs communautés pour le défilé du 20 mai prochain marquant la Fête nationale.
Feu contre feu, traduit The Guardian Post : les chefs du Sud-Ouest ripostent, et annoncent qu’ils ne respecteront pas son ordre, l’accusant par ailleurs de tenir un discours de haine et de tentative de traîner l’institution traditionnelle dans la boue.
FCEB/cat/APA