Les résultats du projet de recherche-action visant la détermination d’un cadre de systématisation de l’intégration du genre dans le processus de planification des budgets sectoriels présentés, mercredi à Dakar, révèlent que plusieurs contraintes d’ordre notamment juridique plombent l’effectivité de la budgétisation sensible au genre (BSG), « malgré les efforts entrepris par les pouvoirs publics ».
La budgétisation sensible au genre est un instrument qui permet à l’autorité publique de corriger les inégalités entre les sexes que l’on peut constater en matière d’allocation des ressources publiques.
Au Sénégal, l’étude menée par le Consortium pour la Recherche Economique et Sociale (CRES) a permis de constater que les efforts consentis par le gouvernement ne sont pas suffisants pour s’assurer que les ressources publiques bénéficient de façon équitable aux hommes et aux femmes.
Cette situation se justifie, d’après l’étude, par le fait que la loi organique relative aux lois de finances 2011 est muette sur le genre et la BSG. La présentation formelle de ladite loi ne présente pas, en effet, les ressources et les charges budgétaires dédiées à l’égalité de genre, indique l’étude, soulignant toutefois que des activités de genre sont bien financées.
« Les documents budgétaires annoncent exceptionnellement des informations relatives à l’égalité des sexes, mais dans leur conception méthodologique ne confèrent pas encore au genre une place convenable. Cette situation induit un manque de visibilité et ne rend pas non plus lisible les actions publiques en faveur du genre », indique l’étude.
Décortiquant les « failles » de cette loi, les experts du CRES ont relevé l’absence de critères d’arbitrage sensible au genre et de moyens de contrôle de la prise en compte du genre lors de l’adoption du budget de l’Etat. Et cela, malgré le dispositif de contrôle budgétaire consacré par la loi organique qui offre des moyens spécifiques de suivi et d’évaluation des progrès en matière d’égalité de genre.
Et c’est pourquoi, le directeur exécutif du CRES, Pr Abdoulaye Diagne, s’exprimant lors de l’atelier de présentation de cette étude, a indiqué que la certification des budgets des départements ministériels fera partie des recommandations que les experts formuleront au sortir de cette rencontre « afin de nous assurer que dans l’élaboration des budgets, il y a une prise en compte effective de la dimension genre ».
A côté de ces contraintes juridiques, l’étude a fait état des contraintes de données relatives notamment aux politiques sectorielles sensibles au genre mais aussi au problème de données budgétaires.
A celles-là, s’ajoutent les contraintes liées aux outils opérationnels comme les outils d’identification des besoins et disparités de genre qui ne sont pas suffisants et leur mise en œuvre pas encore systématique.
Les outils de détermination des objectifs, programmes, résultats et indicateurs sensibles au genre ainsi que la planification stratégique et opérationnelle au niveau des secteurs ne prennent pas également en compte la dimension genre, ajoute le document.
ARD/te/APA