Vingt-six enseignants grévistes ivoiriens sont sans salaire depuis deux mois, a révélé mardi à Abidjan Pr Johnson Zamina Kouassi, le secrétaire général de la Coordination nationale des enseignants chercheurs et chercheurs de Côte d’Ivoire (CNEC), l’un des plus grands syndicats d’enseignants de l’enseignement supérieur ivoirien.
« Au moment où nous parlons des gens n’ont pas de salaire depuis deux mois. Notamment moi et les autres. Nous sommes au nombre de 26 tout simplement parce que nous sommes des syndicalistes», a regretté M. Kouassi sur les antennes de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI, service public) dans un débat sur la crise scolaire qui a paralysé le système éducatif ivoirien pendant plus de deux mois dans le primaire, le secondaire et le supérieur.
« Nos revendications sont d’ordre pluriel mais elles peuvent être regroupées en trois sections. La première section concerne les conditions de vie et de travail. A ce niveau nous revendiquons de nouveaux salaires, de nouvelles primes de recherche… », a entre autres fait savoir, Pr Kouassi.
« Je voudrais condamner le gel des comptes des enseignants grévistes. C’est illégal. Il nous a été promis de dégeler les comptes le lendemain de la suspension du mot d’ordre de grève. Il faut qu’au plus tard, demain (mercredi) tous les comptes soient dégelés », a plaidé pour sa part, Pacôme Attaby, le porte-parole de la Coalition des syndicats du secteur éducation/formation de Côte d’Ivoire (COSEF-CI).
« Les comptes ont été dégelés », a rétorqué le chef de cabinet du ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement technique et de la formation professionnelle, Abdoulaye Kouyaté.
Plusieurs questions ont été débattues dans cette émission qui a opposé ces deux syndicalistes à leurs tutelles respectives représentées par MM. Abdoulaye Kouyaté du ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement technique et de la formation professionnelle et Emmanuel Crezoit du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.
Il s’agit entre autres, des revendications sur la suppression des cours de mercredi dans le primaire et les clauses de la trêve sociale de cinq ans signé en 2017 entre le gouvernement et les syndicats de la fonction publique.
« Dans tous les pays du monde, ce ne sont pas les employés qui fixent le régime de travail. La Côte d’Ivoire est le seul pays à avoir quatre jours de travail au primaire. L’institution des cours de mercredi n’est pas venue d’un coup de tête. Les élèves n’avaient pas le niveau », a justifié M. Kouyaté qui est le chef de cabinet du ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement technique et de la formation professionnelle.
« Nous nous étonnons de la rupture de la trêve sociale au ministère de l’éducation nationale», a ajouté M. Kouyaté. « Cette trêve sociale, c’est la duperie du siècle. Ça ne marchera pas», a estimé de son côté Pacôme Attaby, le porte-parole de la COSEF-CI.
«Nous sommes toujours en attente du cadre de dialogue promis par le gouvernement après la suspension de notre mot d’ordre de grève. Si d’ici un mois, ce cadre de discussion n’est pas mis en place, que les ivoiriens ne soient pas surpris qu’on retourne au combat », a menacé M. Attaby.
«Il faut que l’Etat fasse quelque chose le plus tôt possible», a souhaité quant à lui, Pr Johnson Kouassi.
Le système éducatif a été perturbé pendant plus de deux mois par une grève d’enseignants à tous les niveaux (Préscolaire, primaire, secondaire, supérieur).
Ces derniers réclamaient entre autres au gouvernement une amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Après plusieurs semaines de débrayage, les syndicats ont suspendu respectivement leur mot d’ordre de grève.
Le 1er mars dernier, la CNEC, l’un des plus grands syndicats du supérieur a appelé à la reprise des cours en suspendant son mot d’ordre de grève après la libération de certains de ses syndiqués qui étaient emprisonnés.
Quant au primaire et au secondaire, le 23 mars dernier, la coalition des syndicats du secteur éducation/formation de Côte d’Ivoire (COSEF-CI) a suspendu elles aussi son mot d’ordre de grève pour un mois avec rétention des notes après une assemblée générale.
LB/ls/APA