Le Pape François a appelé, samedi à Rabat, à estimer indispensable d’opposer au fanatisme et au fondamentalisme la solidarité de tous les croyants, appelant à dépasser les tensions conduisant à la peur et à l’opposition et à ouvrir le chemin à un esprit de collaboration fructueux et respectueux.
« C’est ce chemin que nous sommes appelés à parcourir sans jamais nous fatiguer, pour nous aider à dépasser ensemble les tensions et les incompréhensions, les masques et les stéréotypes qui conduisent toujours à la peur et à l’opposition et, ainsi, ouvrir le chemin à un esprit de collaboration fructueux et respectueux », a plaidé le Souverain pontife dans un discours prononcé lors de la cérémonie d’accueil officiel, présidée par le Roi Mohammed VI à l’esplanade de la Mosquée Hassan à Rabat.
Il a saisi l’occasion de cette visite au Maroc, « pont naturel entre l’Afrique et l’Europe », pour redire la nécessité d’unir les efforts et donner une nouvelle impulsion à la construction d’un monde plus solidaire, plus engagé dans l’effort honnête, courageux et indispensable d’un dialogue respectueux des richesses et des spécificités de chaque peuple et de chaque personne.
« C’est là un défi que nous sommes tous appelés à relever, surtout en ce temps où on risque de faire des différences et de la méconnaissance réciproque des motifs de rivalité et de désagrégation », a-t-il estimé, soutenant que pour participer à l’édification d’une société ouverte, plurielle et solidaire, il est essentiel de développer et d’assumer constamment et sans faiblesse la culture du dialogue comme chemin à parcourir, la collaboration comme conduite et la connaissance réciproque comme méthode et critère.
Sa Sainteté le Pape François a souligné que sa visite au Maroc est « une importante opportunité pour promouvoir le dialogue interreligieux et la connaissance réciproque entre les fidèles » des deux religions.
Il a, à cet égard, mis en avant certaines initiatives prises par le Royaume dont la création de l’Institut Mohammed VI pour les Imams, les mourchidines et mourchidates, qui assure une formation adéquate et saine contre toutes les formes d’extrémisme, ainsi que la tenue, en janvier 2016 à Marrakech, de la Conférence internationale sur les droits des minorités religieuses dans le monde islamique, qui a permis de condamner toute utilisation instrumentale d’une religion pour discriminer ou agresser les autres.
Il a aussi évoqué la création à Rabat de l’Institut Œcuménique Al Mowafaqa, faisant observer qu’il s’agit d’une initiative louable qui traduit le souci et la volonté des Chrétiens vivant au Maroc de construire des ponts pour manifester et servir la fraternité humaine.
D’autre part, il a affirmé que la Conférence internationale sur les changements climatiques « COP22 » de Marrakech a témoigné, une fois encore, de la prise de conscience par de nombreuses Nations de la nécessité de protéger la planète, soutenant que « c’est ensemble, dans un dialogue patient et prudent, franc et sincère, que nous pouvons espérer trouver des solutions adéquates, pour inverser la courbe du réchauffement global et pour réussir à éradiquer la pauvreté ».
Evoquant la grave crise migratoire à laquelle le monde est confrontée, le Pape François a lancé un appel pressant pour rechercher les moyens concrets d’éradiquer les causes qui obligent tant de personnes à quitter leurs pays, leurs familles et à se retrouver souvent marginalisées et rejetées, rappelant la tenue, en décembre dernier au Maroc, de la Conférence intergouvernementale sur le Pacte mondial pour une migration sûre, ordonnée et régulière qui a adopté un document qui entend être un point de référence pour toute la communauté internationale.
Il a, à cet égard, plaidé pour des actions concrètes et, spécialement, à un changement de disposition envers les migrants, qui les considère comme des personnes, non comme des numéros, qui en reconnaisse, dans les faits et dans les décisions politiques, les droits et la dignité, formant le vœu que le Maroc voudra continuer à être, dans la communauté internationale, un exemple d’humanité pour les migrants et les réfugiés, afin qu’ils puissent être, ici, comme ailleurs, accueillis avec humanité et protégés, qu’on puisse promouvoir leur situation et qu’ils soient intégrés avec dignité.
Le phénomène de la migration ne trouvera jamais de solution dans la construction de barrières, dans la diffusion de la peur de l’autre ou dans la négation de l’assistance à tous ceux qui aspirent à un légitime mieux-être pour eux-mêmes et pour leurs familles, a-t-il dit.
Pour rappel, le Pape François effectue à partir de ce samedi une visite officielle de deux jours au Maroc, un voyage placé sous le signe du dialogue interreligieux, comme le fut celui de Jean-Paul II en 1985.
HA/APA