La revue annoncée à la baisse de l’assistance sécuritaire US, mais aussi le sort de jeunes à la veille de leur Fête nationale, trônent en couverture des journaux camerounais parus vendredi.
«Les États-Unis ont-ils réduit leur aide militaire au Cameroun ?» La question trône en grande manchette du quotidien de langue anglaise The Guardian Post qui reste dubitatif : alors que plusieurs médias de ce pays, parmi les plus crédibles, se font le relai de cette sanction justifiée par des allégations d’atteintes aux droits humains par l’armée camerounaise, le chef de la mission diplomatique américaine à Yaoundé, Peter Henry Barlerin, a tenté d’amortir le choc en soutenant que son pays allait continuer à soutenir la croisade contre l’insécurité et le terrorisme.
En «visite de courtoisie» chez le nouveau ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, le diplomate, traduit Intégration, en a rajoute à la confusion en indiquant que «les relations entre le Cameroun et les États-Unis sont excellentes et durables. Nous souhaitons poursuivre ces relations (…) nous n’allons pas mettre un terme à notre coopération en matière de sécurité avec le Cameroun».
L’on se souvient qu’en mai 2018 devant le Sénat de son pays, le même, rappelle le bihebdomadaire, dénonçait, à propos du Cameroun «des assassinats ciblés, des détentions sans accès à un soutien juridique, à la famille ou à la Croix-Rouge, ainsi qu’à des incendies et des pillages de villages» dont se sont rendus coupables des éléments des forces de défense et de sécurité.
Pour Émergence, la question ne se pose plus : le pays de l’oncle Sam, pour manifester son mécontentement vis-à-vis des exactions des soldats sur le terrain de la lutte contre les sécessionnistes anglophones, mais également de la guerre contre la secte islamiste Boko Haram dans l’Extrême-Nord, a bel et bien réduit son assistance militaire à Yaoundé pour environ 8,5 milliards FCFA.
Et maintenant qu’il est lâché par les États-Unis, le Cameroun survivra-t-il à ses guerres ? s’interroge pour sa part Le Messager, constatant qu’alors que le pays enregistre de nouveaux fronts de conflits, le gouvernement américain, au même titre que plusieurs organismes de défense des droits humains, pointent, s’agissant spécifiquement de la crise anglophone, le manque de progrès vers un retour à la paix.
Le pouvoir de Yaoundé, constate la publication, à force d’accumuler les bévues et de laisser pourrir les choses, donne en effet de ne plus pouvoir rien contrôler et, surtout, finit par lasser les bonnes volontés.
Les États-Unis, temporise Essignan sans trop de conviction, n’ont pas suspendu leur aide militaire au Cameroun, mais ont plutôt réduit la voilure de leur coopération en la matière «du fait, entre autres, des avancées positives sur le théâtre des opérations».
Le seul fait que le pays de Donald Trump décide de revoir à la baisse son assistance à un partenaire en crise est déjà, en soi, un événement qu’il ne faudrait pas traiter à la légère, lui répond en écho L’œil du Sahel.
En matière d’aide militaire, si les États-Unis sortent les muscles, il s’en trouve encore, et heureusement, soupire Mutations, la France pour continuer de rassurer le gouvernement, le porte-parole du ministère hexagonal des Affaires étrangères ayant, promptement, réagi en précisant que son pays et le Cameroun sont liés par un accord de partenariat de défense, exécuté selon les normes internationales en vigueur.
«Dans le respect du droit international humanitaire et du droit des conflits armés, cette coopération a également pour but d’aider les forces de défense et de sécurité camerounaises à lutter contre le terrorisme, en particulier contre Boko Haram dans le Nord du pays, tout en protégeant les populations. Cette coopération se poursuit», indique ainsi le Quai d’Orsay.
Du droit et des libertés, Émergence en consacre justement tout un dossier : sous le titre «Libertés fondamentales : pourquoi le régime Biya verrouille-t-il le droit de manifester ?» Et de déplorer que le pouvoir interdise, systématiquement et de plein droit, tout événement organisé par l’opposition, ainsi que le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) en fait actuellement l’amère expérience, qui ne vont pas dans le sens de soutenir le pouvoir en place ou son chef, Paul Biya.
Cette posture manichéenne trône également en couverture de Le Messager et Le Jour, qui relaient le courroux du barreau de l’Ordre des avocats au sujet des interpellations des militants du parti sus-évoqué, et particulièrement la récurrence des atteintes à l’intégrité physique de ses membres par les forces de maintien de l’ordre, lors des manifestations publiques.
Et s’il y a un événement qui ne risque pas d’être perturbé ou interdit, c’est bien la célébration, rappelle le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune, lundi prochain de la 53ème Fête nationale de la jeunesse, une tranche de la population aujourd’hui au cœur des préoccupations de différents acteurs de la vie nationale qui se penchent sur les opportunités d’épanouissement à elle offertes, mais également sur les maux qui la minent.
Mutations, comme son confrère, a listé quelques uns de ces travers qui hypothèquent l’avenir des jeunes Camerounais : le VIH/Sida, la drogue ou encore les diverses manipulations, dont ils sont soit déjà victimes, soit exposés du fait d’une société pervertie.
FCEB/cat/APA