Les soins privés en Côte d’Ivoire connaissent une hausse substantielle depuis le 1er janvier 2019, suite à l’entrée en vigueur des barèmes honoraires et des tarifs des actes médicaux de 1998 dans les cliniques, notamment invitées par leur syndicat à la mise à jour de leurs tarifs.
Interrogé par APA, le président du Syndicat national des médecins privés de Côte d’Ivoire (SYNAMEPCI), Sidick Bakayoko, a indiqué que « ce sont les barèmes de 98 qui sont en vigueur, mais qui n’étaient pas appliqués par tout le monde », insinuant qu’il ne s’agit pas de nouveaux tarifs des actes médicaux.
L’Association des cliniques privées de Côte d’Ivoire (ACPCI), en collaboration avec le SYNAMEPCI ont, après la levée en août 2018 de la mesure par arrêté ministériel, décidé de son entrée en vigueur à partir du 1er janvier 2019. Pour l’application effective, ces syndicats ont demandé qu’ « un bloc soit fait » autour de ces tarifs médicaux.
Cette décision du Syndicat national des médecins privés et de l’Association des cliniques privées, a été également « entérinée par l’Ordre des médecins de Côte d’Ivoire », a dit Dr Chaloupe du Centre médical Chady, au Plateau, le centre des affaires d’Abidjan.
« Ce n’est pas une augmentation en tant que telle, c’est quelque chose qui était déjà décidé en 1998 après la dévaluation, nous avons obligation de tenir compte de ce que l’Ordre des médecins décide, on l’applique pour les assurances », poursuit-il.
Selon lui, ce sont les assurances qui devraient paramétrer les tarifs des actes médicaux de 98 dans leurs ordinateurs pour dire que la consultation est maintenant de 15.000 Fcfa les jours ouvrables. Et ce, en application du système de tiers payant entre le médecin, le patient et l’assurance.
Facturation
« Certaines assurances ont fait les mises à jours à telle enseigne que lorsque les patients viennent ici pour les consultations, une fois que nous introduisons le matricule (dans l’ordinateur), la mise à jour est déjà faite », souligne Serge Konan, collaborateur du gestionnaire de la clinique Hall médical Inri de la Fraternité d’Adjamé (Nord Abidjan), en charge de la facturation.
« Par exemple, pour la médecine générale, en 2018, la consultation faisait 8 000 Fcfa et le patient (assuré) n’avait qu’à payer son ticket modérateur, 20% de 8 000 Fcfa qui fait 1 600 Fcfa et une fois qu’il a payé cela, il peut aller en consultation », a-t-il expliqué.
« Avec le barème de 2019, la consultation en médecine générale est passée à 15.000 Fcfa pour les jours ouvrables puis à 20.000 Fcfa la nuit, dimanche et les jours fériés. Si la mise à jour est faite à savoir 15.000 Fcfa, le patient n’a pas à payer son ticket modérateur parce que c’est l’assurance qui supporte », a-t-il noté.
Du coup, dira-t-il, le patient n’a aucun souci, s’il paie 20% de 15.000 Fcfa, ce qui lui fait 3.000 Fcfa comme consultation, mais lorsque l’assureur maintient l’ancien tarif, le ticket modérateur du patient va connaître une augmentation.
« Le patient va payer 15.000 Fcfa du nouveau tarif moins 8.000 Fcfa de l’ancien tarif plus 20% de l’ancien tarif qui fera 1.600 Fcfa, donc il va payer 8.600 Fcfa comme ticket modérateur avant d’aller voir le médecin parce que son assurance n’a pas supporté le coût », a précisé M. Konan.
Toutes les cliniques privées ont commencé à appliquer et « tout le monde est obligé de suivre » la mise en œuvre des barèmes des honoraires et des tarifs des actes médicaux de 1998, a fait savoir M. Serge Konan.
Barèmes et tarifs de 98
Dans une note co-signée par le SYNAMEPCI, dirigé par Dr Sidick Bakayoko et l’Association des cliniques privées de Côte d’Ivoire (ACPCI), représentée par Dr Joseph Boguifo, ces deux principaux syndicats du secteur privé de la santé, ont approuvé l’entrée en vigueur des barèmes de 98 dès le 1er janvier 2019.
Les barèmes des honoraires et les actes médicaux concernent notamment les actes de chirurgie et de médecine, les actes tomodensitométrie (scanner) et d’Imagerie par résonance magnétique (IRM) et les actes de la radiographie.
Au sujet des barèmes des honoraires de 98, les consultations pour les médecins généralistes sont de 15.000 Fcfa par jour ouvrable pour les assurés et de 20.000 Fcfa la nuit, dimanche et jours fériés. Pour les mutualistes, ce tarif est de 12.000 Fcfa les jours ouvrables et 15.000 Fcfa la nuit, dimanche et jours fériés.
Pour les médecins spécialistes et professeurs agrégés, la consultation pour les assurés les jours ouvrables est de 17.500 Fcfa et 25.000 Fcfa la nuit, dimanche et les jours fériés, contre 14.000 pour les mutualistes durant les jours ouvrables et 17.500 Fcfa la nuit, dimanche et les jours fériés.
Les soins infirmiers sont de 25.000 Fcfa/jour, les soins intensifs (K30 réanimateur pour les 3 premiers jours) 250.000 Fcfa/jour. La consultation du médecin psychiatre est de 20.000 Fcfa les jours ouvrables et de 30.000 Fcfa la nuit, dimanche et les jours fériés. Les soins d’un jour facturés à 6.000 Fcfa/h.
Concernant la tarification forfaitaire des actes de chirurgie et de médecine, la césarienne (K100) est fixée à 750.000 Fcfa pour les mutuelles et 800.000 Fcfa pour les tarifs assurances. L’accouchement normal est de 300.000 Fcfa pour les mutuelles et 350.000 Fcfa pour les assurances.
Quant à l’accouchement gémellaire (jumeaux), il revient à 350.000 Fcfa pour les mutuelles et 400.000 Fcfa pour les assurances. Le forfait journalier des pathologies médicales, notamment le NFS, Frottis, goutte épaisse, urée, CRP, glycémie, créatininémie, est fixé à 75.000 Fcfa.
En ce qui concerne les actes tomodensitométrie (scanner), l’Uro scanner est facturé à 130.000 Fcfa pour les mutuelles et 140.000 Fcfa pour les assurés. Le scanner thoracique, pelvienne, abdominale, est fixé à 80.000 Fcfa pour les mutuelles et à 90.000 Fcfa pour les tarifs assurances.
L’Imagerie par résonance magnétique (IRM), elle, est facturée à 200.000 Fcfa comme tarif pour les mutuelles contre 230.000 Fcfa pour les tarifs assurances. Le coût de la chambre (deux lits) pour tous les actes revient à 30.000 Fcfa par jour.
L’application des barèmes des honoraires et des actes médicaux ordonnée en juillet par l’Association des cliniques privées de Côte d’Ivoire (ACPCI) et le Syndicat national des médecins privés de Côte d’Ivoire (SNMPCI) avait fait l’objet de conflit.
Le ministère ivoirien de la Santé et de l’hygiène publique s’était accordé en août, dans un contexte tendu, avec les associations des assureurs et des établissements sanitaires privés en vue de la levée de la suspension du tiers-payant, des nouveaux barèmes des honoraires et des actes médicaux.
En dépit des conventions des mutuelles avec les cliniques privées, l’application stricte de ces barèmes pourrait impacter le coût des prestations. La Mutuelle générale des fonctionnaires (Mugefci), elle, est actuellement en négociation avec l’ACPCI en vue de bénéficier des tarifs préférentiels.
AP/ls/APA