Le coronavirus met à rude épreuve l’économie mondiale mais l’Afrique, jusque-là dépendante dans certains secteurs, a une bonne carte pour ne plus être trop extravertie.
Dans son rapport intermédiaire de mars 2020, portant sur les perspectives économiques, l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) souligne que le coronavirus « est lourd de conséquences pour les perspectives économiques ».
L’organisation internationale note que les restrictions à la circulation des personnes, des biens et des services, et les mesures d’endiguement de la pandémie telles que les fermetures d’usines ont réduit sensiblement l’activité manufacturière et la demande intérieure en Chine, deuxième économie mondiale derrière les Etats-Unis.
Les répercussions sur le reste du monde s’accentuent, qu’elles soient liées aux voyages d’affaires et de tourisme, aux chaînes d’approvisionnement, aux produits de base ou au recul de la confiance, ajoute le rapport de l’OCDE.
A lire aussi: Covid-19 : la prévention, choix naturel pour l’Afrique
Pour l’économiste sénégalais Souleymane Astou Diagne, « cela nous montre le degré de dépendance de l’économie africaine par rapport à celle mondiale ». Malgré ce tableau sombre, ce Docteur en Sciences économiques de l’Université Paris XIII affirme que le Covid-19 pourrait constituer « une réelle opportunité » pour les économies africaines trop extraverties.
Concrètement, M. Diagne estime que la pandémie « devrait pousser nos opérateurs économiques, obligés de rester dans leurs pays respectifs, à trouver des produits de substitution au niveau sous-régional, régional voire africain. L’idée étant de réduire un peu la frontière de dépendance de nos économies par rapport à celles occidentales et booster l’industrialisation ».
Ce spécialiste des questions économiques est persuadé que ce changement fondamental devrait permettre aux pays africains de réduire significativement le chômage « en créant des emplois sur le continent et non en Chine ».
Tout compte fait, relativise l’enseignant-chercheur à l’Université Alioune Diop de Bambey (au centre du Sénégal), la souffrance des partenaires de l’Afrique « aura un impact plus négatif que positif » sur ce continent.
Pour parer à une telle éventualité, le Groupe de la Banque Mondiale, a annoncé la fourniture d’une aide rapide d’un montant allant jusqu’à 12 milliards de dollars dans le cadre des efforts nationaux de lutte contre le coronavirus dans les pays en développement.
A lire aussi: Coronavirus: un couteau à double tranchant pour les économies africaines
Ces derniers, essentiellement africains, risquent d’être durement affectés. Plusieurs d’entre eux supporteront difficilement un ralentissement prolongé de la demande en matières premières de la Chine, premier partenaire économique et commercial de l’Afrique.
Sur ce continent, où le tourisme est la deuxième source de devises pour bon nombre de pays comme l’Ile Maurice, le Sénégal, la Tanzanie ou le Cabo-Verde, mais aussi les Etats du Maghreb, le coronavirus risque de faire des dégâts.
ARD/id/te/APA